
Un nouveau cap est franchi dans les tensions entre la France et l’Algérie. Dans une lettre adressée à son Premier ministre, Emmanuel Macron appelle à la suspension formelle de l’accord bilatéral signé en 2013, qui exempte les titulaires de passeports diplomatiques et de service algériens de visa pour entrer en France.
Cette décision intervient dans un contexte de crispation grandissante. En cause notamment : l’arrestation récente de l’écrivain Boualem Sansal et du journaliste français Christophe Gleizes à Alger, des incidents perçus par Paris comme un signal clair de raidissement du régime algérien. S’ajoute à cela le blocage persistant de la coopération consulaire sur les expulsions d’Algériens en situation irrégulière, un sujet récurrent de friction entre les deux capitales.
Depuis plusieurs mois, les autorités françaises dénoncent une absence de bonne volonté d’Alger pour reprendre ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Cette paralysie alimente, côté français, une volonté de durcir le ton. L’Élysée entend désormais mobiliser le levier du “visa‑réadmission”, introduit dans la loi immigration de 2024, pour exercer une pression ciblée.
Mais ce n’est pas tout. Emmanuel Macron envisage de coordonner cette suspension avec les autres pays de l’espace Schengen afin de restreindre les privilèges accordés aux diplomates algériens à l’échelle européenne. Une approche multilatérale qui, si elle se concrétise, isolerait davantage l’Algérie sur la scène internationale.
Du côté marocain, cette évolution est observée avec attention. L’Algérie, qui tente de réactiver des réseaux diplomatiques en Europe pour contrer le plan d’autonomie marocain au Sahara, voit ainsi l’un de ses principaux canaux d’influence mis sous tension. Les effets de cette suspension pourraient impacter la marge de manœuvre de la diplomatie algérienne sur plusieurs dossiers régionaux sensibles.