Confrontés à l’exacerbation des prises d’otages français dans le Sahel, Paris a multiplié les messages de fermeté en direction des groupes terroristes. Pourtant, les responsables français sont conscients qu’AQMI est loin d’être leur unique souci dans la région. Sarkozy et ses spécialistes de la lutte antiterroriste savent que dans les sables mouvants du Sahel, ils trouveront toujours les généraux algériens sur leur chemin. L’intervention malheureuse, le 8 janvier, de forces spéciales françaises contre les ravisseurs des deux jeunes français kidnappés à Niamey, en est la meilleure illustration.
L’opération conjointe franco-nigérienne a été accueillie avec une levée de boucliers à Alger. Méfiants de tout ce qui peut toucher à leur monopole autoproclamé de la lutte antiterroriste au Sahel, les hauts gradés algériens ont multiplié les déclarations contre l’intervention étrangère dans la région. Ils se sont d’ailleurs empressés de faire dire au conseiller principal d’Obama pour la lutte antiterroriste, John Brennan en visite le 17 janvier à Alger, que Washington était favorable au « partenariat au lieu de l’intervention » dans la région. Par ailleurs, des sources sécuritaires maliennes ont révélé qu’Alger exerce de plus en plus de pressions sur les autorités de Bamako et de Niamey pour les dissuader de toute collaboration avec Paris. Ces pressions font écho aux déclarations de la chef de la diplomatie française Michèle Alliot-Marie sur la probabilité, voire l’imminence de nouvelles opérations contre des ressortissants français au Sahel. Scrutant les moindres gestes en provenance de Paris, Alger voit dans ces déclarations l’intention de la France de renforcer ses interventions au Sahel. Ainsi, dans cette zone sahélo-sharienne tourmentée, Paris sait à quoi s’en tenir. Surtout que les groupes d’AQMI sont les héritiers directs du terrible GSPC algérien.