
Dix ans après le drame de Sousse, la Tunisie s’apprête à signer une saison touristique record : 11 millions de visiteurs attendus en 2025, soit une hausse de 10 % en un an. Avec le retour massif des Britanniques avec près de 400.000 prévus, en hausse de 48 %, le pays retrouve son statut de destination méditerranéenne phare.
Mais derrière les chiffres triomphants, une réalité plus amère se dessine : la domination du tourisme de masse, qui représente encore 70 % de la fréquentation, enferme le pays dans un modèle peu créateur de valeur ajoutée. Un constat coinglant des professionnels du secteur revient comme une rengaine : les touristes mangent et dorment à l’hôtel, mais ne consomment que très peu en dehors.
Cette dépendance au « all inclusive » met à l’écart une large partie de l’économie locale. Si le secteur génère 700.000 emplois directs, il concentre ses bénéfices dans les grands hôtels balnéaires, souvent liés à des groupes internationaux. Résultat : peu d’effet d’entraînement sur les petits commerces, la culture ou l’artisanat.
Pour un pays pauvre en ressources naturelles et confronté à une dette écrasante, le tourisme est vital. Mais il est aussi un piège à court terme, alimentant une économie de rente et une vulnérabilité aux chocs extérieurs, comme l’ont montré les attentats de 2015 ou encore la pandémie.
En misant toujours sur le soleil, le sable et les forfaits à bas coût, la Tunisie attire les foules mais échoue à transformer ce flux en moteur de développement durable. Derrière les piscines des hôtels-clubs, c’est tout un pays qui reste sur sa faim.