“Ils ont pillé l’État et continuent à le faire… Nous ne laisserons pas la patrie en proie aux voleurs”. Sûr de lui, le président de la République, Kaïs Saïed, veut en finir avec la corruption et l’impunité.
Dans la foulée de ses décisions de geler le Parlement et de lever l’immunité des députés, le Chef de l’État s’est lancé dans une guerre contre ces maladies politiques de la démocratie tunisienne.
Premier dossier délicat, le financement de la campagne électorale des deux principaux partis au Parlement, le mouvement Ennahda et son allié “Qalb Tounes”, outre la formation “Aïch Tounsi”.
Conformément à l’article 163 du Code électoral, ces partis pourraient automatiquement perdre leur place au Parlement pour “financement étranger et acceptation de dons de source inconnue”.
Ce n’est pas tout. le président de la République s’est attaqué aux hommes d’affaires, contre qui une interdiction de voyager à été imposée. Ces derniers sont accusés de “voler 13,5 milliards de dinars aux Tunisiens” selon le rapport de feu Abdelfattah Amor.
Seul bémol mais pas des moindres, le rapport établi par la commission d’investigation sur les faits de malversation se limite à la période de Ben Ali et ne concerne pas le règne des islamistes.
De leur côté, quelques élus au cœur de multiples affaires judiciaires ont fait l’objet d’arrestations musclées. Si Maher Zid, le député islamiste radical de la coalition Al Karama, poursuivi en justice, a été à la surprise générale relâché, l’élu indépendant, Yassine Ayari est en prison pour atteinte à l’armée dans une affaire qui remonte à 2018.
Pour l’instant, l’arrestation des députés, suspectés de corruption ou de contrebande, tarde à se concrétiser et l’opération mains propres semble subir un coup de frein en l’absence de stratégie claire.
À vrai dire, le président de la République, en guerre sur tous les fronts, alterne le chaud et le froid. La nomination d’un nouveau chef de gouvernement et une feuille de route pour la sortie de crise pourraient donner un second souffle à son coup d’éclat.