Plaque tournante pour les migrants africains cherchant à rejoindre l’Europe, la Tunisie joue depuis quelques mois le rôle des garde-côtes de l’Union européenne, déterminée à endiguer l’immigration irrégulière. Si l’implication des autorités tunisiennes a permis de réduire les flux migratoires de 80% en 2023, le sort réservé aux migrants clandestins par Tunis inquiète l’UE.
Conditions de vie précaires, discrimination, xénophobie, exploitation… Les migrants clandestins, en particulier les subsahariens, sont confrontés à plusieurs incidents de violences verbales et physiques, exacerbés par des discours politiques et des campagnes médiatiques hostiles. Complexe, la situation fera l’objet d’une discussion entre l’UE et le gouvernement Madouri, apprend-t-on d’une source diplomatique européenne.
Directeur général pour le voisinage et les négociations d’élargissement à la Commission européenne (UE), Gert Jan Koopman sera à la manœuvre, les 29 et 30 octobre, pour exiger à Tunis l’accompagnement des migrants clandestins dans le cadre des accords bilatéraux et des aides financières, destinées à renforcer le soutien des individus en situation irrégulière et préserver leurs droits. Faute de quoi, les financements de Bruxelles pour les autorités tunisiennes seront suspendus.
Pour obtenir la coopération de la Tunisie, l’Union européenne accorde des aides financières importantes. Celles-ci visent à soutenir non seulement l’économie tunisienne en difficulté, mais aussi à améliorer la gestion migratoire. Cependant, les directives de l’UE cristallisent les débats en Tunisie, où le président de la République, Kaïs Saïed, prêche le souverainisme de l’État, mais finit par acter « les diktats » de ses partenaires européens.