Juste après la fuite du président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali, les Algériens et les Libyens ont décidé en urgence de boucler leurs frontières avec la Tunisie.
Lundi, les deux pays ont fait savoir au premier ministre désigné ainsi qu’au ministre des Affaires étrangères Kamel Morjane qu’ils n’accepteraient, en aucun cas, qu’un quelconque rôle politique soit accordé au leader du parti islamiste interdit Ennahda, Rached Ghannouchi qui vit en exil à Londres depuis 1989. Si le DRS -services du renseignement algérien- et El Mouradia se sont montrés très discret à ce sujet pour ne pas se mettre à dos l’opinion publique algérienne solidaire de la révolution du Jasmin, les Libyens sont au contraire montés au créneau et ont formulé explicitement que la Jamahiriya ne « pouvait tolérer la présence d’islamistes dans le gouvernement tunisien ». Les dirigeants libyens sont même allés plus loin. Ils ont fait savoir à leurs amis au sein du RCD -parti de Ben Ali- ainsi qu’à certains dirigeants de l’opposition notamment à Nejib Chebbi, qu’ils pourraient geler tous les accords bilatéraux signés avec la Tunisie ainsi que tous les investissements et mettre fin aux aides et aux dons. De sources concordantes à Tripoli, Maghreb-intelligence a appris qu’une cellule de crise chargée par le guide de la révolution libyenne de suivre heure par heure les développements en Tunisie a été mise en place. Elle se compose du ministre des Affaires étrangères Moussa Koussa, du patron des services de sécurité Abou Zeid Dordah et du ministre de l’Economie Mohamed Lahouej. Le principal dossier sur lequel devrait plancher cette cellule est le sort des 5000 membres de la garde rapprochée de Zine El Abidine Ben Ali qui ont trouvé refuge en Libye. Mouammar Kadhafi aimerait les garder sur le sol libyen pour les utiliser si jamais Rached Ghannouchi venait à faire une percée en Tunisie.