
Depuis la reconnaissance, par la Grande Bretagne, du plan d’autonomie proposé par le Maroc, comme « la solution la plus viable » au conflit concernant le Sahara Occidental, les Marocains attendent avec une certaine impatience la fin du mois d’Octobre prochain. En effet, bientôt le conseil de sécurité de l’ONU doit réexaminer le dossier du Sahara, et voter une nouvelle résolution sur la présence des Nations Unis dans le territoire que se disputent le Maroc et le Front Polisario. Ce dernier étant considéré par la majorité des observateurs des soubresauts politiques en Afrique du Nord, telle une marionnette qu’utilise le régime militaire en poste à Alger, dans son combat surréaliste contre tout ce qui est marocain !
D’aucuns à Rabat, Marrakech et Laayoune – chef-lieu du territoire anciennement connu sous l’appellation de Sahara Espagnol – pensent que l’échéance d’octobre 2025 serait le dernier clou dans le cercueil du Polisario et de son mentor algérien. Pour appuyer leur thèse, ils ont sorti toute la panoplie du tambour et de la trompette. Ils crient à qui veut bien les entendre que l’autonomie est dans la poche, et que le dossier du Sahara est définitivement réglé en faveur du Maroc. Mais…, Car il y a toujours un « Mais », il faut raison garder, et il faut surtout regarder au-delà de ce que l’on voit, au-delà de ce qui ressemblerait à une forme d’évidence.
Ainsi, il serait judicieux de s’arrêter à la date du samedi 12 juillet 2025. Ce jour-là, les parties au conflit en Nouvelle Calédonie ont signé à Paris un accord sur l’avenir du territoire situé aux fins fonds de l’Océan Pacifique certes, mais dépendant toujours de Paris. Une année – pratiquement jour pour jour – sépare la signature à Paris de l’accord entre les Kanaks et les Caldoches, de la lettre adressée par le président français au roi du Maroc, dans laquelle Emmanuel Macron a acté la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Une reconnaissance qu’il a confirmée quelques semaines plus tard, lors d’un discours historique prononcé au parlement marocain, à Rabat.
Y aurait-il un lien politico-stratégique entre le conflit en Nouvelle Calédonie et les soubresauts autour du Sahara? Répondre à ce genre de question par l’affirmative est hautement hasardeux. Toujours est-il qu’il s’agit des vestiges du même empire colonial : dans l’océan Pacifique il a dominé. En Afrique du Nord, il a tracé des frontières rectilignes séparant le Maroc de la Mauritanie et de l’Algérie, séparant également l’Algérie de ses voisins à l’est, au sud-est, au sud, à l’ouest et au sud-ouest.
En aout 2021, un certain Ramtane Lamamra, diplomate en chef de l’Algérie à cette époque-là, anima à Alger une conférence de presse surréaliste ! Il annonça «la décision souveraine » de son pays de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc, tout en gardant des liens consulaires ! D’où le surréalisme du « diktat » algérien. Quelques jours plus tard, Rabat précisa – dans un communiqué de son ministre des affaires étrangères – d’avoir pris note de la décision algérienne, tout en la regrettant.
Cinq ans plus tard, les deux grands cousins du Maghreb se regardent toujours en chien de faïence. Cette faïence semble, aujourd’hui, beaucoup plus lourde à porter du côté du palais d’El Mouradia, que de celui du Palais Royal.