Analyse. Maroc : « nous avons voté pour les islamistes du PJD et non pour les experts FMI »

Alors que l’on exulte dans les chaumières socialistes au royaume, c’est la déprime complète chez les classes moyennes pieuses qui ont porté Abdelilah Benkirane et le PJD au pouvoir. La décision du gouvernement islamiste aux affaires depuis le mois de décembre  d’augmenter les prix des carburants a porté un coup direct au pouvoir d’achat des catégories moyennes de la population marocaine.[onlypaid] Pis encore. Sommé de s’expliquer sur son désir de supprimer la Caisse de compensation -un mécanisme financier gouvernemental pour soutenir les prix des denrées de première nécessité- Abdelilah Benkirane s’est embrouillé sur les chiffres lors d’une émission en direct, diffusée mercredi soir sur les deux principales chaînes de télévision du royaume. La prestation du leader islamiste, dont le populisme de bon aloi lui garantissait jusque-là la magnanimité des foules, était très en deçà de ce qui était attendu, à en juger par les commentaires sur les réseaux sociaux et la presse locale. Le chef du gouvernement s’est emmêlé les pinceaux en voulant justifier sa décision. Il a également péché par un choix malheureux des mots et des exemples. Ainsi, voulant minimiser l’impact de la hausse des prix des carburants sur le mercuriel, il a commencé par citer les prix des bananes et des pommes. Des fruits qui demeurent en général inaccessibles pour la  majorité des Marocains et constituent plutôt l’exception dans le panier quotidien de la ménagère. Mais là où Abdelilah Benkirane a failli, c’est lorsqu’il n’a pas pu énumérer les mesures concrètes que son gouvernement comptait mettre en place pour venir en aide aux classes défavorisées. « Le monologue ennuyeux et approximatif du chef du gouvernement confirme que cette équipe aujourd’hui au pouvoir au Maroc manque de technicité, voire de compétence pour affronter la crise économique », estime un ancien ministre istiqlalien. Il semblerait que le nouveau gouvernement ait opté pour une politique économique très libérale, sans pour autant envisager de filet de secours pour une classe moyenne qui commençait à peine à émerger depuis une dizaine d’années. Un choix qui, en plus d’être coûteux sur le plan politique, peut l’être également au niveau d’une paix sociale qui fut lente et pénible à mettre en place.[/onlypaid]