Crise de nerfs au gouvernement : Benkirane sous pression

Samedi dernier, sous une chaleur suffocante, le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane tenait au siège du parti une réunion avec les cadres du PJD. C’était la première fois que [onlypaid] le fantasque chef du gouvernement marocain allait à la rencontre des membres de son parti après les très médiatiques excuses publiques qu’il a présentées au roi et à ses conseillers. Benkirane avait sa mine des mauvais jours. Lors de son allocution, il s’est montré beaucoup moins à son avantage, perdant plusieurs fois le fil de la réflexion. Alors que l’assistance l’attendait sur le sujet des « excuses officielles », le patron du PJD a préféré botter en touche en insistant sur le référentiel islamiste de son parti. Mais qu’est ce qui s’est donc passé pour qu’Abdelilah Benkirane perde subitement de sa verve légendaire ? D’après des sources bien informées à Rabat, le chef du gouvernement aurait multiplié les impairs envers la monarchie dans ses dernières sorties médiatiques. Toujours selon les mêmes sources, le roi avait donné des consignes très fermes à ses conseillers de ne pas gêner le gouvernement ou interférer dans les affaires publiques. Le palais avait choisi de rester en retrait, laissant la main à Abdelilah Benkirane. « Le souverain alaouite voulait laisser le gouvernement prendre ses marques. Mais, plusieurs ministres ont fini par exaspérer l’opinion publique en créant un état de psychose chez les investisseurs », remarque un diplomate européen accrédité à Rabat. « Benkirane et son équipe ont commis deux énormes erreurs. La première a trait aux déclarations de certains membres du gouvernement sur une supposée corruption à grande échelle qui prévaudrait dans les rouages de l’Etat. La seconde concerne le discours même que tient Benkirane. Ce dernier n’hésite pas à chacune de ses sorties, de parler du roi et de ses conseillers en évoquant les moindres détails », explique un ancien ministre du gouvernement Abbas El Fassi. D’après l’une de nos sources, le fait de parler sans cesse d’affaires de corruption et de dilapidation, même sans preuves tangibles, porte un coup au moral de l’administration et des investisseurs et donne l’impression que le Maroc d’avant Benkirane était une véritable  jungle sans règles ni lois . D’autre part, le palais aime têtre le maître de sa propre communication. L’institution monarchique au Maroc, comme dans d’autres pays, obéit à des règles séculaires qui définissent son code de communication. « En parlant à tort et à travers de la monarchie, Benkirane aurait outrepassé ses prérogatives et fait montre d’un flagrant manque de tact », conclut un ancien ministre de la communication. C’est cela, d’après les observateurs, qui aurait poussé le roi à se mettre un peu plus en avant ces derniers jours afin d’envoyer des messages rassurants à tout le monde et « gommer les effets néfastes de la Com’ Benkirane ». Un avertissement sans frais pour le chef du gouvernement qui semble en avoir tenu compte. [/onlypaid]