Docteur Rached et Mister Ghannouchi

Les démocrates, les milieux laïcs tunisiens ainsi que les chancelleries occidentales sont tous en émoi après la diffusion sur le net de la vidéo d’une rencontre entre l’homme fort de la Tunisie, Cheikh Rached Ghannouchi et des personnalités salafistes. [onlypaid] Les propos du Cheikh ont été on ne peut plus clairs. « Il faut expurger les institutions tunisiennes des laïcs et des ennemis de la religion », a clamé le cheikh en face de ses interlocuteurs. Il les a encouragés à combattre les modernistes, les anciens du RCD et à faire très attention à une police et à une armée qui ne sont pas encore « sûres ». C’est un ancien ministre sous Ben Ali qui, sous le couvert de l’anonymat, met en gare toute la classe politique tunisienne : « Ennahda est un parti totalitaire. Il l’a toujours été et Rached Ghannouchi a toujours été un islamiste radical peu éclairé et adepte de la vison mondiale des Frères Musulmans qui vise le contrôle aussi bien de l’Etat que de la société ». Une opinion que semble partager beaucoup de diplomates occidentaux en poste à Tunis. La personnalité du Cheikh interpelle à plus d’un titre. « Il agit comme le véritable maître de Tunis. Il décide de tout. Le président et le premier ministre font pâle figure à côté de lui et on n’est pas au bout de nos surprises avec Rached Ghannouchi, commente une figure de proue du mouvement d’opposition Nidae Tounès. Cela dit, ce qui dérange le plus les pays qui apportent en ce moment un appui franc au gouvernement d’Ennahda, c’est que les dirigeants de ce parti oublient ou feignent d’oublier que la Tunisie vit aujourd’hui une période transitoire. Le pouvoir, quel qu’en soit le détenteur, ne sera légitime qu’après l’adoption de la constitution et l’organisation d’élections libres et transparentes, bénéficiant de la caution de la communauté internationale. [/onlypaid]