« La théorie du dépérissement de l’Etat »

Rien ne va plus en Libye. La faiblesse du pseudo gouvernement central, le règne sans partage des milices et les cafouillages des occidentaux ont jeté l’ancienne Jamhiriya sur le chemin escarpé de l’instabilité pour de longues années encore. [onlypaid]Les pays qui ont participé à la chute de Mouammar Kadhafi ne comprennent plus rien à ce qui se passe à Tripoli. A Londres, on affirme ne plus avoir d’interlocuteur dans la capitale libyenne. « Les Libyens confondent anarchie et liberté », affirme une source gouvernementale qatarie. A Doha, qui essaie de jouer aux missi dominici avec les autorités libyennes, on s’inquiète de l’absence d’un pouvoir central dans le pays. « Quand un membre du CNT ou du gouvernement nous promet quelques chose, c’est le contraire qui se passe sur le terrain. Le gouvernement et le Conseil de transition n’ont aucune prise sur le terrain », affirme la source qatarie. D’autres observateurs estiment que le pouvoir réel est aujourd’hui entre les mains des milices et que les membres du CNT et ceux du gouvernement craignent pour leur vie si jamais ils venaient à s’opposer aux groupes armés. Pis encore. Le racket et le vol à main armée sont devenus monnaie courante. Les sociétés internationales qui s’installent dans le pays s’attachent les services de ces milices en les rémunérant gracieusement. D’ailleurs, dans plusieurs contrats passés avec des entreprises internationales, une partie du prix est réservée à une commission touchée par le chef de la milice et ses acolytes. « Avant la chute de Kadhafi on savait à qui donner et qu’est ce qu’on allait obtenir en retour, aujourd’hui on raque sans savoir pourquoi, ni pour qui, ni ce que l’on va avoir en retour. C’est la loi de la jungle », s’indigne un homme d’affaires libanais qui sert d’intermédiaire à plusieurs multinationales. D’ailleurs, l’affaire des quatre membres de la CPI arrêtés par la milice de Zenten après une visite à Seif El Islam Kadhafi, est révélatrice du climat d’anarchie qui règne aujourd’hui en Libye. « Nos amis rebelles qui détiennent maintenant le pouvoir sont de véritables brutes incultes qui ont une méconnaissance totale du droit et des enjeux géostratégiques. Ils se comportent comme si la révolution leur donnait droit à tout…En quelque sorte à la Kadhafi », explique inquiet un ancien membre du CNT, installé depuis peu à Londres. [/onlypaid]