Le face-à-face Kamel Morjan/Mohamed Jegham

Quand Mohamed Ghannouchi donne lecture des noms des ministres qui composent le gouvernement d’union national, une clameur monte quand il évoque le nom de Mohamed Jegham (voir portrait dans Maghreb-intelligence en date du 19 avril 2010) en tant que ministre du Commerce et du Tourisme. L’ancien ministre de l’Intérieur et de la défense et homme de confiance de Ben Ali est un pur produit du RCD. C’est également l’un des hommes les plus intègres et les plus respectés de la Tunisie de Ben Ali. En 2001, il devient le héros du parti au pouvoir. Il a osé dire nom à Leïla Trabelsi et à son clan. La phrase qu’il lui aurait lancée est restée célèbre : « Madame excusez-moi, vous êtres la première dame et non la présidente ». Il subit alors la vindicte de la « régente de Carthage ». Ejecté du gouvernement et éloigné comme ambassadeur à Rome, il tombe définitivement en disgrâce en 2005, date à laquelle il se reconverti dans le privé et travaille chez le milliardaire Nadhmi Auchi à Amman. Ensuite, il regagne le pays pour diriger la branche tunisienne de Gneneral Mediterranean Holding (GMH) à Hammamet. En 2010, Leïla Trabelsi parachève sa vengeance contre l’homme de 67 ans. La filiale tunisienne de GMH écope d’un redressement fiscal. Abdelwaheb Abdallah signifie à Nadhmi Auchi qui veut négocier un accord qu’e se sera possible s’il se sépare de Jegham. Mais pourquoi ce natif de Hammam Sousse comme Ben Ali dérangeait tant. Mohamed Jegham est l’archétype du haut commis de l’Etat. Il se targue d’une carrière exemplaire au service de la Tunisie. Après des études en économie et un diplôme de l’Ecole nationale d’administration, il rejoindra le ministère de l’intérieur où il officiera dans les régions les plus difficiles du pays notamment à Béja, Gafsa, Jendouba, Bizerte et Gabès dont il fut gouverneur. En 1988, Ben Ali le nomme directeur général des affaires régionales au ministère de l’intérieur. En 1995, son accension se poursuit jusqu’à ce qu’il devienne directeur du cabinet présidentiel. Aujourd’hui, celui qui a été longtemps « dauphin putatif » de Ben Ali se repositionne en vue des prochaines élections présidentielles. Il hérite d’un portefeuille de grande importance en ces moments difficiles. Il lui incombe de faire démarrer la machine du tourisme et de l’export dont dépend fortement l’économie tunisienne. Mais face à lui, se profile un autre natif de Hammam Sousse. Kamel Morjan, ministre des Affaires étrangères a beaucoup d’atout à faire valoir, notamment la confiance des Américains dont il est très proche et celle du général Rachid Ammar chef d’état-major dont il s’est lié d’amitié en 2005 quand il était devenu ministre de la Défense. Kamel Morjan est en effet un de ces cadres tunisiens brillants qui se sont fait dans les institutions internationales. Le monsieur, en plus de ses amitiés américaines, a gardé de son passage aux Nations Unies beaucoup de contacts au Moyen-orient et en Afrique. Cela dit, Morjan souffre d’un handicap énorme. Il est en effet marié à Dorra Ben Ali, fille de Bouraoui Ben Ali, cousin du président déchu. Une liaison qui pourrait lui être fatale dans l’avenir.

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