Pourquoi Hamid Chabat rompt avec le gouvernement Benkirane

« On acceptant des postes ministériels mineurs dans le gouvernement de Benkirane, Abbas El Fassi a compromis les chances de l’Istiqlal aux prochaines échéances électorales », aurait avoué Hamid Chabat à ses proches au lendemain de son arrivée à la tête du parti nationaliste marocain. En effet, le nouveau patron de l’Istiqlal ne rate aucune occasion pour mettre à mal la coalition gouvernementale à laquelle il appartient depuis une année. Dans son viseur, le PJD et Abdelilah Benkirane, mais également le PPS et Nabil Benabdallah. D’après des sources istiqlaliennes, en mettant la pression sur le chef du gouvernement, Hamid Chabat veut le pousser à opérer un remaniement ministériel avant les élections communales et régionales. Les Istiqlaliens savent bien qu’ils ne peuvent aller aux élections avec des ministères qui n’ont aucun impact sur la population. Lors des négociations pour la formation de l’actuel gouvernement, Abdelilah Benkirane a tout fait pour que le ministère de l’Equipement tombe dans l’escarcelle de son parti. « Toutes les routes rurales, les accès et les infrastructures sont entre les mains de l’Equipement. Le parti qui gère ce département dispose d’un puissant levier et peut influencer les élites rurales et les élus des villes petites et moyennes », avoue un ancien cabinard. Un autre département très important a été perdu par l’Istiqlal en faveur du PPS. Il s’agit du ministère de l’Habitat, confié à Nabil Benabdallah. Le détenteur de ce portefeuille dispose également d’un grand pouvoir vis-à-vis des promoteurs immobiliers qui sont les véritables bailleurs de fonds des partis dans les villes du royaume. Aujourd’hui, Hamid Chabat sait que l’Istiqlal est piégé. Soit il garde ses ministres actuels et risque d’aller à un casse-pipe électoral assuré, soit il augmente la pression sur Benkirane au risque de provoquer le retrait de son parti du gouvernement. « Au moins, on se présentera aux élections en tant qu’opposition », explique un ancien ministre de l’Istiqlal. Pas sûr que cela soit suffisant pour que l’Istiqlal gagne les prochaines échéances électorales.