« C’est le gros dérapage que tout le monde redoutait », s’indigne un ancien haut gradé qui préfère garder l’anonymat face aux menaces tous azimuts brandies par le nouvel homme fort d’Algérie, le général Ahmed Gaïd Salah. La dernière sortie du chef de l’état-major de l’ANP ce mardi 16 avril à Ouargla est l’illustration du manque de génie du vice-ministre de la Défense. Car, à part les menaces de « sanctions légales » lancées contre le général Mohamed Mediène, ex patron du DRS, accusé de comploter contre la volonté du peuple, le reste du discours-message n’était que redondance.
Le généralissime est désormais à court d’arguments face à une rue de plus en plus revendicative et vindicative. Dans sa dernière missive, il a commis l’erreur de donner des ordres à la Justice, supposée être indépendante. Il a également commis l’impair d’accuser, sans aucune preuve ou du moins il n’en a pas donné, des hommes d’affaires de s’être enrichis illégalement et d’avoir bénéficié de prêts de complaisance non remboursés. Et cerise sur le gâteau, il a affirmé que le général Toufik a comploté contre le peuple. Mais, le patron de l’armée ne va pas jusqu’à demander à la Justice d’enquêter sur le comploteur pris en flagrant délit, mais menace de le faire si le général Toufik continu à « fomenter ses complots ». Une posture d’un homme peu rompu au vocabulaire juridique et encore moins aux joutes politiciennes.
En deux semaines, le général Gaïd Salah qui voulait se présenter comme le protecteur de la « révolution naissante » a juste réussi à se mettre en face de la rue sans aucun filtre. Même, la démission du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz ou celles annoncées du président par intérim, Abdelkader Bensalah et du premier ministre Noureddine Bedoui ne font pas illusion. Tout le monde en Algérie sait dorénavant que « Le Pouvoir » c’est Ahmed Gaïd Salah et que c’est lui qui doit le rendre au peuple. Une situation de plus en plus inconfortable pour le vieux général qui a du mal à gérer du haut de ses 80 ans.