Plusieurs rapports évoquent la hausse des menaces terroristes en Afrique du nord et dans la Sahara Sahel qui devient un des grands foyers du terrorisme au monde. Des questions se posent avec acuité sur les facteurs et les acteurs responsables de cette amplification du terrorisme. Récemment, des responsables maliens, nigériens, des chercheurs libyens mais aussi des sénateurs américains ont lié l’activité terroriste avec le pouvoir algérien. Plusieurs rapports affirment le lien du polisario avec les groupes terroristes, or, cette entité séparatiste n’est un outil dans la stratégie terroriste du pouvoir algérien. À notre sens, classer l’Algérie comme un état sponsorisant le terrorisme international s’aligne avec le classement du Polisario groupe terroriste.
Il s’agit dans cette série d’articles d’analyser le rôle de l’Algérie dans les activités terroristes et dans la déstabilisation des pays voisins en se focalisant dans ce premier article au cas de la Tunisie. D’autre article seront consacrés à la stratégie terroriste algérienne dans le Mali, Libye et Niger.
Depuis 2013, deux ans après la révolution du jasmin, la Tunisie a été victime de plusieurs s attaques terroristes. Après plus 10 ans, il est question de collecter les données de l’ensemble des attaques terroristes touchant le pays ( 1979 -2021) et les analyser selon leur contexte géospatial, temporel et par catégorie d’attaques (objectifs, cibles, méthode utilisée, etc.).
Les résultats de ces recherches démontrent que l’essentiel des attaques terroristes affectant la Tunisie depuis 1979 jusqu’à 2022 se concentrent deux mandats présidentiels(2013-2019), celui de Moncef Marzouki et de Béji Caïd Essebsi. Paradoxalement, ces attaques baissent brutalement avec Kaïss Said élu depuis octobre 2019. En croisant ces données avec la politique étrangère de la Tunisie, on constate que les attaques terroristes prennent fin suite aux échanges des visites entre les présidents algérien et tunisien (Kaïss Said). Ce dernier, et après trois mois au pouvoir seulement, s’est rendu le 2 février en Algérie. Pour rappel ; Said avant son élection, avait promis que son premier déplacement à l’étranger se ferait à Alger !!! ainsi quel lien entre cette première visite avec l’arrêt des attaques terroristes dans le pays ?.
Fig 1 : Évolution d nombre d’attaques terroristes en Tunisie/an (1979-2021)
Source : H. Ramou, en analysent les données de Global Terrorism Database, University of Maryland, 2025
En analyse le début de cette vague d’attaque terroriste en 2014 (fig 2), il s’’avère qu’l est étroitement lié au rapprochement de la Tunisie de Moncef Marzouki avec le Maroc et ce suite à plusieurs évènements :
Fig 2 : Global terrorisme index 2014-2024: Tunisie
Source : Ramou, compilation des rapports de l’indice mondiale du terrorisme, Institute for économics& peace, 2014-2025.
• Visite privé de Moncef Marzouki au Maroc en février 2013
• visite d’une délégation ministérielle marocaine à Tunis (janvier 2013) et déclaration d’échange des visites entre les chefs des deux états
• appel téléphonique entre le Roi Mohammed VI et le président tunisien en aout 2013 après laquelle la Tunisie a connu un pic des attaques terroristes
• visite du Roi Mohammed VI Tunis en mai 2014, et qui est suivie par une série d’attaques terroristes jusqu’à fin 2019.
Fig 3 : Évènements terroristes en Tunisie de mars 2012 à septembre 2014
Source : H. Ramou, en analysent les données de Global Terrorism Database, University of Maryland
Suite à ce rapprochement avec le Maroc (2013-2014), la Tunisie a connu le plus grand nombre d’attaques terroristes. À cette époque, des journalistes tunisiens et européens ont accusé les renseignements algériens d’implication dans ces attaques terroristes. Le pouvoir algérien s’est trouvé obligé de sacrifier le général Abdel Kader Ait Arabi, alias Hassan reposable du service anti-terrorisme. Le tribunal militaire d’Oran lui a adressé des accusions de constitution de bande armés, acquisition illicite des armes, etc. Il a été ainsi emprisonné en septembre 2015. Son avocat a déclaré à l’époque qu’il exécutait les ordres de ses supérieurs et a exigé le témoignage des généraux Nizar et Toufik – Midiane. À cause de ce changement à la tête du DRS, on note une forte régression des attaques en 2015. Cette baisse n’est pas liée uniquement à l’arrestation du Général Hassan, mais aussi à la révocation du général Tawfiq en septembre 2015 puis à la dissolution du DRS algérien suite au décrit signé le 20 janvier 2016. Selon plusieurs rapports de l’époque, ce changement au sein des renseignement algériennes est dicté par des pressions exercé par des pays occidentaux sur le pouvoir algérien. En 2017, les attaques terroristes ont été reprises, ce qui prouve une continuité de la stratégie terroriste du pouvoir algérien et que ces attaques ne sont pas dépendante d’un responsable ou d’une institution sécuritaire.
En matière des cibles des attaques terroristes, on signale que l’implication des renseignements algériens dans ces attaques depuis 2013 a conduit vers un changement significatif, comme l’illustre la figure ci -après
Fig 4 : nature des cibles des attaques terroristes en Tunisie (1979-2021)
Si les cibles des attaques terroristes avant 2013 ont été diversifiés, les militaires-police et les personnalités politiques sont devenues les premières cibles des attaques terroristes algériennes surtout en 2015, 2016 et 2017. Durant ces trois années, les attaques contre les militaires ont constitués plus de 80% des cas. Il s’agit d’une réponse claire des renseignements algériens au ministre tunisien de la défense qui a accusé l’Algérie d’implication directe dans les attaques terroristes et ce dans un communiqué publié dans le journal arabe Acharq Al Awsat (11 octobre 2015).
Sur le plan spatial, l’analyse par SIG (système d’information géographique) démontre que les attaques, concernant l’ensemble des gouvernorats, se sont concentrées le plus dans les zones occidentales limitrophes à l’Algérie (Kessrine, Jbel Chaambi). Les deux blocs d’attaques terroristes avant et après la dissolution du DRS algérien en 2015 reflètent un légère changement des stratégies. Avant 2015, une importance a été accordée aux gouvernorats de Kasserine, El Kef, , la côte touristique (Sousse, Monastir) et la capitale Tunis tandis qu’après 2015 les attaques ont visé, en plus à Kasserine, la capitale Tunis et Jendouba, le sud tunisien (Médenine, Gafsa, et.) et sidi Bouzid. Les attaques réalisées après 2020 au début du mandat de Kaïss Said se sont spatialement limitées à la gouvernant de Kessrine et Tunis. Le croisement spatial des données sur les attaques par objectif, cible et intensité des dégâts (décès et blessé) permet de confirmer l’existence de deux modes de réalisation de attaques avant et après la dissolution du DRS algérien.
Dès 2020, ces attaques ont été réduites à néant suite à l’alignement de la politique étrangère tunisienne avec les intérêts de l’Algérie (réception du Kaïss Said au chef du Front Polisario Brahim Ghali en aout 2021, invitation du pseudo RSAD à la conférence Japon-Afrique (Tokyo International Conference on African Development, TICAD), , position hostile de la Tunisie, membre non permanant au conseil de sécurité (2020-2021), accueil de la réunion d’une institution censée concurrencer l’Union du Maghreb arabe (UMA) sans le Maroc, etc.
Selon plusieurs rapports, l’Algérie a réussi à déstabiliser la Tunisie et à avorter l’expérience de la jeune démocratie tunisienne ; et la souveraineté du pays, sous le mandat de Kaïss Said est pleinement touché. Le retour du Général Ait Arabia Alias Hassan le 21 mai 2025 à la tête des services algériens de renseignements intérieurs annonce que l’Algérie compte amplifier ses stratégies terroristes dans le Sahel et fort probablement dans l’ensemble de l’espace euro-méditerranéen.
Hassan RAMOU
Institut des études africaines- Université Mohammed V Rabat