A Rabat, les chancelleries occidentales ont commencé à sentir le vent tourner depuis quelques mois déjà. Le chef du gouvernement marocain, l’islamiste Abdelilah Benkirane, arrivé au pouvoir après la vague protestataire du mouvement du 20 février, semble aujourd’hui très mal en point. [onlypaid]La raison principale est bien évidemment la situation économique du royaume qui ne lui laisse aucune marge de manœuvre au gouvernement. En plus, ces deux dernières semaines, la tension entre le PJD et ses deux principaux alliés au gouvernement est montée d’un cran. Les attaques de Hamid Chabat, secrétaire général de l’Istiqlal, ont redoublé de violence, alors que Mohand Laenser, secrétaire général du MP, n’a pas lui non plus ménagé ses critiques envers le PJD. D’après des sources proches de Benkirane, celui-ci ne supporte plus le « double jeu » de l’Istiqlal et du MP. Certains députés du parti islamiste soupçonnent même le mouvement populaire d’obéir à un agenda « extra partisan ». D’ailleurs, le président du groupe parlementaire du PJD aurait révélé à des journalistes que la situation ne peut plus durer comme ça. « Depuis sa prestation de sermon, le gouvernement est l’objet de manœuvres parfois occultes qui visent à le faire apparaître comme incompétent et dépassé par les événements », répondent en chœur plusieurs dirigeants islamistes. Pour la première fois depuis la constitution du gouvernement, le secrétariat général du PJD évoque sans détours l’option d’élections législatives anticipées. « Ils savent que nous allons gagner les prochaines élections communales, mais également des élections législatives anticipées si elles venaient à être organisées. Mais avant d’en arriver là, nous allons vendre chèrement notre peau », aurait déclaré sur un ton menaçant Abdallah Bouanou. Mais que veut dire le président du groupe parlementaire du PJD par cette dernière phrase. D’après nos sources, les ministres du PJD détiennent aujourd’hui plusieurs dossiers sensibles et savent très bien qui sont ceux qui entravent leur travail. Le premier qui serait tenté de faire une sortie fracassante serait le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, qui pourrait, selon les dires d’un dirigeant du PJD « claquer la porte et dénoncer publiquement les obstacles ». Cela dit, tout le monde reste suspendu aux lèvres d’Abdelilah Benkirane. Ce dernier d’habitude si prolixe, a adopté récemment un comportement plus réservé. Serait-il en train de mesurer ses forces et celles de ses adversaires avant une nouvelle « confrontation » ou se serait-il tout simplement accommodé aux réalités du pays comme ces prédécesseurs ?
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