Pris de court par les décisions présidentielles de geler les pouvoirs du Parlement et de démettre le chef du gouvernement de ses fonctions, Rached Ghannouchi ne sait plus à quel saint se vouer.
Après avoir initié une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux, via son homme de main aux États-Unis, le lobbyiste Radwan Masmoudi, le président du Parlement – dont l’état de santé inquiète les observateurs – s’est lancé dans une nouvelle stratégie, celle de la terre brûlée.
Sa menace ? “Si la démocratie n’est pas rapidement rétablie en Tunisie, le terrorisme pourrait proliférer, l’instabilité poussera les gens à partir et plus de 500 000 migrants pourraient tenter de rejoindre les côtes italiennes”, a-t-il confié au journal italien, le “Corriere della sera”.
Par cette déclaration polémique, Rached Ghannouchi a tenté de renouveler les appels du pied aux puissances étrangères pour intervenir en Tunisie afin de “protéger la démocratie”. En vain.
Le leader islamiste enchaîne les sorties controversées et s’attire les foudres de ses fidèles : Lotfi Zitoun, Samir Dilou, Mohamed Goumani et Yamina Zoghlami sont montés au front pour fustiger son attitude et contester sa détermination à se maintenir, coûte que coûte, à la tête du perchoir.
Rached Ghannouchi a également été pris en grippe par une centaine de jeunes islamistes qui réclament “la dissolution immédiate du bureau exécutif d’Ennahda” et appellent la direction du parti à “assumer la responsabilité des manquements à l’égard des revendications populaires”.
Au parlement, où il avait fait l’objet de motion de censure pour le destituer, le ton a aussi changé. Les députés rejettent les communiqués signés par Rached Ghannouchi au nom de tous les élus et ne cautionnent point ses positions sur les décisions du président de la République, Kaïs Saïed.
Désormais, les temps sont durs pour Rached Ghannouchi et sa survie politique n’est plus entre ses mains.