Propulsée au devant de la scène politique pour ses connexions universitaires avec le président de la République, Kaïs Saïed, la cheffe du cabinet présidentiel, Nadia Akacha, quitte Carthage… “En raison de désaccord sur des questions fondamentales concernant l’intérêt supérieur du pays, il est de mon devoir de me retirer”, justifie-t-elle sa décision et maintient ainsi le mystère.
Une démission sous haute tension, mais sans grande surprise au vu de l’atmosphère guerrière. Au Palais, “la dame de fer”, discrète et dévouée, a vu petit à petit son autoritarisme s’éroder face à la montée en puissance de nouveaux acteurs : si Naoufel Saïed, le frère du président, a souvent été accusé publiquement d’ingérence, Ichraf Saïed, la vraie régente de Carthage, est montée au front pour “apporter de l’ordre et limiter les bons offices” de Nadia Akacha dans la gestion des affaires de l’État.
Les tensions entre l’ex-cheffe du cabinet du président de la République et la famille Saïed, omniprésente à Carthage, concernent les orientations et choix de gouvernance au lendemain du 25 Juillet – date du coup de force menée par le président ayant décidé de geler les activités du parlement et de démettre l’ancien chef du gouvernement de ses fonctions – mais pas que… Les proches de Saïed voulaient en finir avec la main longue de Nadia Akacha qui est également en froid avec le ministre de l’Intérieur, Ridha Charfeddine, ami de longue date et bras armé du président.
Désormais, le vent tourne à Carthage mais la situation générale en Tunisie demeure la même : malgré une embellie lors de sa prise des pouvoirs, les perspectives économiques et sociales s’assombrissent au fil des semaines et Kaïs Saïed s’isole davantage alors que le tsunami approche. Le président de la République refuse encore le dialogue, continue ses diatribes contre la justice et confirme son incapacité de passer des paroles aux réformes.