Des pressions algériennes sur Tunis derrière l’arrestation de plusieurs journalistes et opposants tunisiens 

La récente vague d’arrestations perpétrées par les autorités tunisiennes dans les milieux de la presse et l’opposition tunisienne s’explique par les fortes pressions exercées par le régime algérien sur le pouvoir tunisien, a-t-on pu confirmer auprès de plusieurs sources diplomatiques algériennes. Alger voit d’un très mauvais œil la véhémence de plus en plus accentuée des critiques formulées à son encontre par des opposants et des journalistes tunisiens qui dénoncent ouvertement l’emprise des dirigeants algériens sur le président Kaïs Saïed. Quelques jours après l’affaire Amira Bouraoui, l’opposante franco-algérienne rapatriée en France par les autorités consulaires françaises en raison du danger avérée contre sa propre sécurité en Tunisie, plusieurs journalistes et opposants tunisiens ont exprimé leur indignation face aux interventions intempestives du pouvoir algérien dans les affaires internes en Tunisie. Ces critiques ont provoqué la colère des dirigeants algériens qui ont fait savoir à Kaïs Saïed qu’il doit sévir contre ces « lobbies » représentant une menace contre la « fraternité algéro-tunisienne ».
Au lendemain de ces mises en garde lancées par Alger, un responsable syndical, des politiques, des magistrats et un journaliste ont été arrêtés rapidement par les autorités tunisiennes. Le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a dénoncé  « l’aggravation de la répression » en Tunisie. Juste après l’affaire Amira Bouraoui, le directeur général de la radio privée Mosaïque FM, très écoutée en Tunisie, a été interpellé et emprisonné. Il s’agit d’un patron de médias qui a commencé à développer un discours très critique à l’égard de l’emprise d’Alger sur la vie politique en Tunisie. Ce qui a suscité l’exaspération des dirigeants algériens.  Des médias tunisiens ont énuméré les violations qui auraient été commises lors de ces arrestations : perquisition sans mandat, interdiction de l’assistance d’un avocat, dates falsifiée. Des méthodes qui rappellent exactement celles pratiquées par les autorités algériennes contre les opposants ou journalistes.
La Tunisie est devenue ainsi le laboratoire de l’expérimentation des méthodes répressives initiées en Algérie. Ce qui confirme encore une fois la forte influence du pouvoir algérien sur l’Etat tunisien.  Lors d’un entretien jeudi avec la cheffe du gouvernement Najla Bouden, le président Kaïs Saïed a rejeté les critiques et « les mensonges » sur la situation de la liberté d’expression dans le pays.
« Est-ce qu’un journal ou un programme ont été censurés?, s’est-il défendu, ajoutant qu’aucun journaliste n’a été poursuivi pour son travail journalistique. Le président Saïed a également dénoncé les critiques de l’Occident et d’organisations internationales qui s’inquiètent d’un recul des libertés dans le pays, soulignant que « la Tunisie est un Etat indépendant et souverain et n’est pas une colonie ».Rappelons enfin que dix personnalités ont été arrêtées pour complot contre la sûreté de l’Etat. Parmi lesquels, Noureddine Boutar, patron de Mosaïque FM, très écoutée en Tunisie dont nous avons parlé ci-haut. Le Front de salut national (FSN), principale coalition de l’opposition en Tunisie, a dénoncé la politique « répressive » du président Saïed– qui s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021– après une série d’arrestations dans les milieux politico-médiatiques.

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