De Tripoli à Genève, en passant par Doha, Paris ou encore Bruxelles, les deux têtes de l’exécutif, Kaïs Saïed et Hichem Mechichi, multiplient récemment les manœuvres diplomatiques pour une énième solution éphémère à la crise asphyxiante que traverse la Tunisie ces dernières semaines. Désormais, le président de la République et le chef du gouvernement – en guerre – brassent du vent.
Tracassées par le conflit entre Saïed et Mechichi, les institutions internationales réclament une feuille de route claire pour la sortie de crise politique, économique, financière et sociale actuelle. Le Fonds monétaire international, les États-Unis et l’Union européenne soulignent l’importance d’un dialogue politique apaisé en Tunisie, la France, quant à elle, prône des réformes en urgence.
Pour l’heure, les aides des partenaires sont loin d’être suffisantes pour combler le déficit public abyssal. Les efforts des deux têtes de l’exécutif, le sont encore moins pour redorer l’image de la Tunisie.
Après des mois d’inaction diplomatique, marquée par le limogeage Moncef Baati, l’ambassadeur tunisien à l’ONU, et l’ingérence de Rached Ghannouchi, le pensionnaire de Carthage, Kaïs Saïed est accusé par les leaders islamistes du mouvement Ennahda d’avoir outrageusement entravé le déplacement controversé du chef du gouvernement, Hichem Mechichi au Qatar en mars dernier.
De son côté, Samia Abbou, députée du Courant Démocratique – un parti particulièrement proche du président Saïed, juge que “Hichem Mechichi -nommé par le président de la République pour succéder à Elyes Fakhfakh (ndlr)- n’est qu’un agent d’exécution voire d’administration chargé de diriger un gouvernement partisan et d’exécuter tous les ordres de sa ceinture parlementaire…”
Les accusations fusent de part et d’autre, le conflit s’éternise et le président du parti Ennahda et titulaire du perchoir n’y est pas étranger : si ces derniers temps il a appelé à “s’unir pour parler au monde avec une seule voix”, Ghannouchi, par sa diplomatie parallèle au sujet de la Libye, fut le premier à vouloir s’accaparer la diplomatie tunisienne, un domaine réservé au chef d’État.
Alors que les réunions fructueuses entre le président de la République, le chef du gouvernement et le titulaire du perchoir se font rares, diatribes, bourdes et coups bas s’enchaînent en cascade. Certes, les trois responsables prétendent vouloir sortir le pays de la crise institutionnelle, mais, des paroles aux actes long est le chemin.