Même si comme à son habitude il se montre stoïque en public, Saâdeddine El Othmani souffre tout de même le martyr, avouent ses plus proches collaborateurs. Cela fait des semaines que le chef du gouvernement marocain tente de colmater les brèches béantes dans son gouvernement, jusqu’à présent sans succès, car la tâche est ardue. « Le cabinet royal est occupé par les tournées diplomatiques du roi dans le Golfe et en Afrique », souligne une source bien informée à Rabat. En outre, lors de l’entrevue entre le patron du RNI, Aziz Akhannouch, et El Othmani, les choses se sont quelque peu compliqué. Le ministre de l’Agriculture et homme fort du gouvernement aurait clairement fait savoir à son interlocuteur qu’il ne voulait pas d’un «changement poste pour poste ». Ce qui a été décodé par les amis du chef du gouvernement comme une volonté d’élargir le gouvernement à un autre parti. Et c’est justement ce moment qu’a choisi le nouveau secrétaire général de l’Istiqlal pour faire son come-back médiatique. Nizar Baraka, dans un flou très habituel au parti nationaliste, a exposé ses « conditions pour rentrer au gouvernement », alors que personne ne l’a officiellement sollicité.
Saâdeddine El Othmani l’a confié à certains cadres du PJD, aucune avancée n’a été enregistrée sur le dossier du remaniement. Le chef du gouvernement serait déboussolé, ne sachant plus à quel saint se vouer. Entre un palais royal très occupé, un Akhannouch qui le snobe et un Benkirane, plus que jamais populaire et maître du PJD, El Othmani est perdu et se contente de faire de la figuration comme lors de la visite du premier ministre français, Edouard Philippe. « Le remaniement, s’il a lieu, se fera en janvier avec une nouvelle configuration. L’Istiqlal fera sa rentrée, le PPS ne sera pas repris et certains secrétaires d’Etat diront adieu à leur strapontin », affirme à Maghreb Intelligence un ancien ministre habitué aux rebondissements au sein de la vie politique marocaine.