Alors que la victoire des islamistes d’Ennahda dans le scrutin de l’assemblée constituante semble nette et ne souffre aucune contestation, ses efforts pour la constitution d’un gouvernement paraissent trop laborieux. [onlypaid] En effet, au lendemain du premier vote démocratique du pays, les trois premières forces politiques de Tunisie avaient multiplié les déclarations les unes aussi rassurantes et amicales que les autres. Aussi bien le CPR de Moncef Marzouki qu’Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar avaient donné leur accord pour participer à un gouvernement « d’intérêt national » dès la publication officielle des résultats qui accordaient 90 sièges à Ennahda, 30 au CPR et 21 à Ettakatol. Cela dit, des différends sont apparus notamment entre Ennahda et le Congrès Pourla Républiqueautour de la durée de vie de l’assemblée constituante que les islamistes voudraient réduire à une année, alors que le CPR milite pour qu’elle s’étende à 3 ans. D’après des sources à Tunis, les islamistes semblent très pressés d’adopter une constitution et d’aller vers des élections générales le plus tôt possible. Ils savent qu’ils sont sur un « trend haussier » et veulent en bénéficier. Pour Moncef Marzouki, la construction de la nouvelle Tunisie doit prendre plus de temps. Le patron du CPR pense que son pays part de loin et doit se donner le temps de bâtir des institutions solides. Sur ce point nodal, les deux partis sont en total désaccord. « La constitution d’un nouveau gouvernement ainsi que l’élection d’un nouveau président peuvent prendre des mois, tellement les nouveaux partis ne veulent faire de concessions sur aucun point. Les 90 sièges d’Ennahda peuvent se révéler insuffisants pour que le parti islamiste impose ses points de vues aux autres protagonistes de la scène politique tunisienne », explique, lucide, un diplomate occidental en poste à Tunis. [/onlypaid]