Exclusif. Les services de renseignements iraniens ont-ils noyauté l’Union européenne à travers la diplomatie espagnole ?

A Madrid, au Palais Santa Cruz, siège du ministère espagnol des Affaires étrangères, à la seule évocation du nom de l’actuel ambassadeur de l’Union européenne en Irak, Ramón Blecua, les mines se ferment et le malaise s’installe. C’est que l’ancien chargé d’affaires de l’ambassade du royaume d’Espagne en Inde ne passe plus inaperçu, depuis qu’il occupe le poste de chef de mission de l’UE dans la capitale irakienne. Et pour cause. Sa femme Nupur Chowdhry, une jeune et élégante indienne qui prétend être une princesse originaire de Jaisalmer, une ville du  Rajasthan à une centaine de kilomètres de la frontière pakistanaise, vient de défrayer la chronique en Belgique et en Espagne.
Celle qui clame partout être « l’ambassadrice culturelle et artistique » de la République indienne, vient en effet d’acquérir à Bruxelles un magnifique hôtel particulier de 500 mètres carrés, construit en 1894 par le célèbre architecte Victor Horta, surnommé par les spécialistes le « Gaudi belge ». Selon la presse espagnole, le montant de la transaction s’élève à 9 millions d’euros, sans compter les 3 millions d’euros prévus pour la restauration de ce chef d’œuvre architectural. Le quotidien espagnol ABC qui a mené une enquête fouillée sur les ressources financières du délégué de l’Union européenne à Bagdad et de sa « princière épouse », a conclu que le couple ne pouvait se permettre une telle acquisition. Nupur Chowdhry, qui a été marié deux fois -avec un américain, puis un français- avant de convoler en justes noces avec Ramón Blecua, ne descend d’aucune famille princière indienne. Elle n’est pas non plus ambassadrice culturelle de l’Inde comme elle le clame, et ne mène aucune activité commerciale et ne dispose d’aucun d’héritage conséquent. D’où vient alors tout l’argent du couple, qui vivait il n’a y a pas si longtemps dans une simple maison de deux chambres, louée dans la capitale belge ?
Pour trouver une réponse à cette question, la presse espagnole a cherché du côté de l’ambassadeur Ramón Blecua. Ses liens avec l’Iran n’étaient apparemment un secret pour personne du temps où il était numéro 2 de l’ambassade d’Espagne à New Delhi. A l’époque, il avait même sollicité un visa Schengen pour le chef des services de renseignement iranien -Vevak- en Inde. Visa qui a  été refusé par les services consulaires espagnols pour des raisons sécuritaires.
Mais la sympathie de Ramón Blecua pour le régime des Mollahs ne date pas de son passage en Inde. Son CV indique qu’il a occupé par deux fois dans le passé le poste de numéro 2 de la représentation diplomatique espagnole à Téhéran. Au ministère espagnol des Affaires étrangères, la trajectoire de ce diplomate controversé, qui a toujours préféré œuvrer à l’étranger, a souvent suscité l’incompréhension et plus souvent encore des interrogations.
En 2014, Ramón Blecua obtient le poste de numéro 2 de la représentation de l’UE au Yémen, pays hautement stratégique pour l’Iran. Une mission qu’il mène pendant trois ans à partir du siège central à Bruxelles du Service européen pour l’action extérieure. En 2017, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, connue pour ses accointances avec le régime de Téhéran, aurait fait pression pour envoyer Ramón Blecua comme représentant diplomatique en Irak. Un autre pays où l’influence de l’Iran n’est pas à démontrer. Lors de la sélection des candidatures pour ce poste, le diplomate espagnol s’est classé sixième sur six candidats, mais Federica Mogherini aurait décidé que c’était lui « l’élu ». « Une manière pour elle, selon des sources diplomatiques à Bruxelles, de ménager ses amis Iraniens ».
A Madrid, où Ramón Blecua n’est plus en odeur de sainteté, notamment chez le CNI -services de renseignement- qui se méfierait de ses liens iraniens, les langues se délient. Certains diplomates n’hésitent plus à tirer la sonnette d’alarme en affirmant que le département n°157  du Vevak -services de renseignement iraniens- serait bien implanté au sein de l’UE.

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