La visite rendue par Liamine Zeroual à Abdelmadjid Tebboune n’est pas un hasard fortuit. L’ex-président algérien, et ancien commandant des forces terrestres en 1989, a profité de son passage à Alger pour sa visite médicale à l’hôpital militaire d’Ain Naadja afin de rencontrer Tebboune. Or, contrairement à ce qui a été raconté par la presse algérienne officielle, cette rencontre ne fut pas purement amicale et dans le seul but d’échanger des salamalecs. Zeroual a échangé avec Tebboune sur l’actuelle situation de l’armée et des déchirements qui minent son haut commandement. Zeroual a été approché par plusieurs notables et hauts gradés de l’armée pour qu’il sensibilise Tebboune sur la finesse dont il doit faire preuve pour gérer les rapports de la présidence avec l’institution militaire.
Depuis l’emprisonnement brutal de Wassini Bouazza le 14 avril dernier, de son ancien adjoint le général Nabil, ainsi que les limogeages du général Amar Boussis de la justice militaire et de Smail Serhoud de l’Etat-Major de la Gendarmerie algérienne, le clan édifié par le défunt Gaid Salah depuis 15 ans se sent très menacé et veut riposter pour protéger ses intérêts et assurer sa survie. Tebboune a été contraint d’intervenir pour empêcher le limogeage et emprisonnement du patron des retransmissions, le général Lachkhem, et de jouer le rôle de l’arbitre pour calmer les esprits au mois de mai dernier.
Or, à moins de 15 jours des cérémonies officielles du 5 juillet qui doivent dévoiler qui si Said Chengriha sera officiellement désigné dans ses fonctions de premier patron de l’armée algérienne, les tensions se ravivent. Zeroual n’a pas caché ses inquiétudes et a prodigué ses conseils à un Tebboune encore novice qui sous-estime l’impact sur la situation du pays de ses tensions internes au sein de l’institution militaire.