Les choses semblent s’accélérer dans le Rif. Après avoir privilégié une approche résolument sécuritaire, le gouvernement est désormais passé en mode rétropédalage. Ni une présence policière renforcée, ni les arrestations de quelque 200 activistes n’ont réussi à calmer la rue et à rassurer l’opinion. La facture sera donc lourde à payer, tant sur le plan économique que sur le plan de l’image du Maroc à l’international. Selon des sources proches du gouvernement, la décision de désamorcer la crise aurait été prise. Demeure la question de savoir comment réaliser l’opération sans que l’Etat ne perde la face. La libération des détenus du Hirak, qui constitue aujourd’hui le point focal de la contestation, est entendue. «La fête du Trône est dans un mois, nous ne pourrons pas y arriver sur fond de grandes tensions dans le pays», affirme le patron d’une formation politique qui participe au gouvernement. Une grâce royale devrait donc intervenir d’ici à la fin du mois de juillet ou lors de festivités elles-mêmes. «Nous sommes conscients aujourd’hui que nous ne pouvons pas être entendus par la population si des dizaines de jeunes sont toujours sous le coup de poursuites judiciaires», explique pour sa part un ministre très en vue.
Quoiqu’il en soit, les grâces royales sonneraient comme un désaveu pour le gouvernement, notamment pour certains ministres qui se seront exposés davantage que d’autres, d’’où l’idée d’un prochain remaniement ministériel. Malgré ses manques, si le départ du Chef du gouvernement El Othmani, est aujourd’hui constitutionnellement quasi impossible, le changement de plusieurs ministres serait en revanche très salutaire. «Le gouvernement est inaudible, sa marge de manœuvre est limitée, certains de ses membres ne servent pratiquement à rien et la répartition des portefeuilles est mal goupillée», juge un ancien ministre. Si la réflexion sur le remaniement est à l’ordre du jour, les changements ne devraient toutefois pas avoir lieu avant la rentrée, car il s’agit d’un processus long.