Près d’un an après le report, par le Parlement, du vote de la loi condamnant lourdement toute relation entre les Tunisiens et Israël, à la demande de Kaïs Saïed, le texte a disparu des radars. Dans un pays fortement mobilisé en faveur de la Cause palestinienne, la volte-face du chef d’État, ayant toujours revendiqué un antisionisme de combat, semble, ainsi, s’inscrire dans la durée. « La loi anti-Israël n’est plus à l’ordre du jour », confirme l’entourage du président à Maghreb Intelligence.
À l’heure où Gaza et Beirout sont sous les bombes israéliennes, le pensionnaire de Carthage, adepte des diatribes contre l’État hébreu et son modus operandi, opte, désormais, pour un silence assourdissant. Selon nos informations, « Kaïs Saïed a complètement enterré la loi pour criminaliser la « normalisation » avec Israël dans une posture contradictoire avec son discours, hostile au « sionisme » dont l’objectif est, selon lui, d’« exterminer le peuple palestinien ».
À en croire l’entourage du chef d’État, criminaliser la normalisation aurait pu compliquer les relations diplomatiques et économiques entre la Tunisie et des partenaires de premier rang – notamment les États-Unis et l’Union européenne, des fervents soutiens à Israël. Alors que la pays a résisté pendant cinq ans sans frapper à la porte du FMI, « cet exploit » réside dans le soutien « inconditionnel » de l’EU pour éviter à Tunis de s’engouffrer dans la crise financière.
« Certains pays, comme le Maroc, les Émirats arabes unis et Bahreïn, ont normalisé leurs relations avec Israël dans le cadre des Accords d’Abraham. En allant trop loin dans la criminalisation, la Tunisie – déjà à l’écart – aurait pu s’isoler davantage dans la région », tempère un ancien diplomate tunisien, selon lequel Kaïs Saïed a opté pour « l’équilibre entre la rhétorique et la realpolitik » et « le pragmatisme dans les relations internationales ».
Mis en sourdine, le projet de loi prévoyait une peine allant jusqu’à douze ans de prison contre toute personne de nationalité tunisienne qui entretiendrait des relations avec l’État hébreu. En cas de récidive de toute forme de communication, coopération ou relations commerciales « délibérées », de manière « directe ou indirecte », avec des personnes physiques ou morales israéliennes, l’accusé risquait la prison à vie.