Les jours se suivent et se ressemblent de plus en plus en Tunisie où l’anarchie perdure. Le scandale des déchets ménagers et hospitaliers italiens, introduits illégalement sur le territoire tunisien par une entreprise privée, a accéléré le départ du ministre des Affaires locales et de l’Environnement, Mustapha Aroui, écarté du gouvernement et transféré, dans la foulée, en prison avec quatorze hauts cadres. Dix autres personnes, dont l’ancien ministre Chokri Ben Hassen et le consul de la Tunisie à Naples, seront également entendues par la justice dans le cadre de cette affaire très controversée ayant relancé le débat autour du remaniement ministériel tant attendu par la Troïka.
Alors que deux portefeuilles, des Affaires culturelles et des Affaires locales et de l’Environnement, demeurent vacants, Ennahdha, Qalb Tounes et la Coalition Al Karama exigent un remaniement ministériel plus élargi. Une mesure promise depuis des mois par le chef du gouvernement Hichem Mechichi, mais reportée en raison de la conjoncture critique que traverse le pays. En effet, la Troïka parlementaire pousse, dans le cadre du bras de fer l’opposant au président de la République, pour écarter “les compétences indépendantes”, imposées par Kaïs Saïed, afin de mettre en place un gouvernement politique, ainsi, se partager une tarte moisie.
Cette opération concernerait les ministères des Finances, de la Justice, de l’Intérieur, de la Santé et d’autres portefeuilles pourraient éventuellement être touchés par le changement. Cependant, au sein de la Troïka, cette démarche divise : Ennahdha désire opter pour un remaniement partiel, alors que Nabil Karoui, homme d’affaires et président de Qalb Tounes, tient, sans concessions, à un remaniement quasi-total. Place maintenant aux tractations qui risquent de ne pas plaire au président de la République. En Tunisie, la sortie de la crise multidimensionnelle s’annonce aussi compliquée que la crise elle-même.