L’ISI traîne la CIA dans le bourbier taliban

Un nouveau scandale plane sur le monde du renseignement américain. Cette fois-ci, c’est la sulfureuse CIA qui serait mise à l’index.

Ainsi le limogeage-démission, il y a trois semaines de Dennis Blair patron du renseignement américain ne serait, d’après les observateurs à Washington, que le premier pas d’un vaste mouvement de réorganisation pensé par la maison blanche et qui sera échelonné sur plusieurs mois. Et c’est James Clapper, un ancien général de l’armée de l’air, qui a remplacé Dennis Blair et qui jouit de la confiance totale du président Barak Obama qui a été mandaté pour mener cette «révolution interne». Cela dit, comme son prédécesseur, il  aura fort à faire face à la surpuissance et à l’arrogance de la CIA.
En effet, la centrale de Langley a été pour beaucoup dans la «disgrâce» de Dennis Blair, puisque celui-ci n’a jamais pu s’imposer face aux ténors de la CIA qui marquaient une très forte indépendance vis-à-vis de l’ancien patron du renseignement. Cependant, le nouveau « boss », le général James Clapper, a été servi par la conjoncture. Une étude publiée par la très sérieuse London School of Economics vient d’ébranler sérieusement la CIA. Cette étude affirme, témoignages à l’appui, que les redoutables services de renseignements pakistanais (ISI) fourniraient un soutien logistique et idéologique aux talibans afghans. Les chercheurs de la London School of Economics qui se sont déplacé en Afghanistan et qui ont rencontré plusieurs chefs locaux talibans ont été surpris par les révélations de ceux-ci qui n’ont pas hésité à apporter les preuves de l’implication des agents de l’ISI dans les activités des Talibans afghans. L’ISI fourniraient ainsi «entraînements,  munitions et nourritures» aux combattants talibans. Les agents pakistanais  participeraient même aux rencontres du «Majliss Echoura» (conseil de la révolution) des Talibans.
Ce double jeu pakistanais n’est pas une donnée nouvelle dans la région. Les Talibans sont une pure création des services pakistanais qui craignaient la montée en puissance dans la région d’autres ethnies (Tadjiks, Hazaras, Ouzbeks) au dépend des Pachtounes dont est issue la majorité des dirigeants d’Islamabad.
Le scandale aujourd’hui n’est pas tant l’appui des services secrets pakistanais aux Talibans, mais le silence observé par la CIA qui dispose de relais au sein de l’ISI. Si l’étude de la London School of Economics ne le mentionne pas clairement, elle laisse tout de même planer le doute. Les politiciens aussi bien démocrates que républicains à Washington commencent sérieusement à se poser la question : comment de simples chercheurs ont pu obtenir de telles «aveux » alors que les fins limiers de la CIA peinent à trouver les informations utiles ? De là à penser que le double jeu n’est pas seulement l’apanage des Pakistanais, il n’y a qu’un pas que beaucoup de commentateurs ont franchi en réclamant la tête de Léon Panetta, patron de l’agence.

 

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