La décision prise par le Conseil national de l’Istiqlal, samedi dernier de retirer ses ministres du gouvernement n’a pas gêné seulement le PJD, mais également le palais qui aurait peu apprécié la décision de l’Istiqlal aussi bien sur la forme que sur le fond. Concernant le fond, les Istiqlaliens ont décidé de quitter le gouvernement, ce qui reste leur droit le plus absolu, mais au lieu d’assumer leur décision, ils ont impliqué le roi dans une joute strictement partisane en invoquant l’article 42 de la constitution. Le souverain devrait donc, en vertu de cet article, intervenir et favoriser l’une des deux parties ou bien renvoyer tout le monde dos à dos. Chose que Mohammed VI tient à éviter depuis son accession au pouvoir en privilégiant l’option d’arbitre au-dessus de la mêlée. Sur le plan de la forme, l’Istiqlal aurait transgressé une coutume politique qui date du règne de feu Hassan II et qui veut que les partis politiques attendent que le roi soit présent dans le pays pour prendre des décisions qui pourraient engager l’avenir du royaume. L’Istiqlal a donc ignoré toutes ces contraintes et s’est un peu « précipité », selon l’aveu même d’un dirigeant istiqlalien. Pour ce dernier, la décision de retrait prise sous l’impulsion de Hamid Chabat, aurait pu pousser Abdelilah Benkirane à faire valoir ses droits constitutionnels en demandant, comme le stipule l’article 103 de la constitution, un vote de confiance au parlement, et cela après un débat parlementaire public. Cela aurait été l’occasion pour le PJD de jouer à la victime -jeu dans lequel il excelle- et de prendre à témoin le peuple face « aux forces de blocage qui avaient combattus le gouvernement d’Abdarrahmane Youssoufi en son temps et qui le combattent aujourd’hui ». Abdelilah Benkirane aurait même pu sous la pression de la base et des faucons de son parti, invoquer l’article 104 et dissoudre la chambre des représentants et cela, bien sûr, après consultation du roi. Un scénario pour lequel le Maroc n’est pas préparé aujourd’hui, puisque la seule machine politique aiguisée pour le moment demeure le PJD, renforcé par son passage dans le gouvernement.
Contrairement à ce que fait circuuler l’opposition et l’Istiqlal lui-même, ce coup politique audacieux pourrait coûter cher au parti nationaliste et à son leader. Piégé, l’Istiqlal se retrouve ligoté, ne pouvant ni quitter le gouvernement ni y rester alors que son secrétaire général a rompu tous les liens avec Benkirane et Benabdallah en les accusant de « forfaiture et de trahison ».
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