Mercato ministériel : Kaïs Saïed compte mener la vie dure à Hichem Mechichi

Le président de la République, Kaïs Saïed est plus que jamais déterminé à mener la vie dure au chef du gouvernement, Hichem Mechichi, au sujet du remaniement ministériel. Pour certains, il bloque tout le pays par des mesquineries enfantines, pour d’autres, il est un rempart contre “la mafia au pouvoir et la corruption à l’origine du chaos actuel”.

S’il est pointé du doigt pour le récent blocage institutionnel, le locataire de Carthage riposte sans hésiter à ses détracteurs : “celui qui a opéré le remaniement est le responsable de ce blocage… le poste de président n’est pas vacant, son rôle n’est pas symbolique comme le prétendent certains et chacun doit assumer ses responsabilités”.

Le président Saïed reproche à son ancien protégé de multiples dépassements en rapport avec le mercato ministériel, le passage devant le Parlement, les suspicions de corruption pesant sur quatre ministres et l’absence de la gente féminine de la nouvelle composition, et refuse toujours d’inviter les nouveaux ministres désignés à prêter serment au Palais.

En face, Hichem Mechichi envisage sérieusement de présenter sa démission, mais peut compter sur le soutien indéfectible du président du gouvernement Rached Ghannouchi. Après avoir fait échouer le gouvernement Jemli, oeuvré pour la chute de Fakhfakha de la Kasbah pour une présumé affaire de corruption, le leader islamiste encourage Mechichi à faire du forcing dans le cadre du bras de fer l’opposant à Saïed, son ennemi numéro un. Il aurait même proposé au chef du gouvernement de geler le remaniement et de se contenter d’une équipe réduite en désignant les nouveaux ministres comme conseillers.

Cependant, le président de la République, expert en droit constitutionnel, écarte toute concession : soit le départ des quatre ministres soit la démission de Hichem Mechichi. Saïed s’est aussi dit au courant des manœuvres avec des parties étrangères pour leur demander de l’aide, toutefois, il ne cédera pas aux moults tentatives de le déstabiliser. “A ces gens-là je dis : le peuple est face à vous, et j’en fais partie, la Constitution est derrière vous, et je veille à son application, où est donc l’échappatoire”, a-t-il soutenu en marge de sa réunion avec un groupe de députés pour discuter de la crise politique.

Malgré la volonté de Ghannouchi de le garder à la Kasbah, Hichem Mechichi a perdu tout pouvoir, crédibilité et charisme pour pouvoir diriger le pays en cette période cruciale. En l’espace de quelques semaines, le chef du gouvernement a été transformé par le leader islamiste à un simple commis au service de la nouvelle Troïka parlementaire et son départ serait une question de quelques semaines voire quelques jours.

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