Neuf mois après la visite du Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani à Tunis, le président de la République, Kaïs Saïed s’est rendu à Doha, sur invitation de l’Émir du Qatar, pour renforcer les liens diplomatiques et donner un nouvel élan aux relations de coopération bilatérale. Objectif atteint, le pensionnaire de Carthage s’est entretenu avec des hauts responsables qataris avant de signer près de 80 accords et mémorandums d’entente dans les domaines financier, touristique, immobilier, commercial… Cependant, cette première visite d’État de Saïed au Qatar a ravivé les fractures politico-religieuses entre monarchies du Golfe et son éternel bras de fer avec Rached Ghannouchi et Ennahdha.
A Tunis, les mouches électroniques se sont déployées sur la page de la présidence de la République pour critiquer cette visite, émettre des doutes quant à son efficacité et dénigrer Saïed. Une opération menée depuis le cinquième étage des locaux d’Ennahdha, confie un ex membre du Conseil de la Choura du mouvement d’obédience islamique. Rached Ghannouchi serait agacé par les nouveaux liens entre Cheikh Tamim, un ami de longue date, et Kaïs Saïed. En effet, le spécialiste de droit constitutionnel a fait coup double : il a écarté Ennahdha -qui jusque là détenait le monopole des relations amicales entre les deux pays- des négociations directes avec le Qatar et a profité pour lancer une pique à ses détracteurs depuis Doha. “L’ère des partis politiques, dans plusieurs pays, a pris fin. Les réseaux sociaux ont conduit vers un nouveau système”, a-t-il déclaré.
Isolé au sein du Conseil de coopération du Golfe dont le siège est basé à Riyad, le Qatar peut compter sur le président tunisien qui s’active en coulisse pour se rendre, prochainement, en Arabie saoudite et jouer l’intermédiaire, apprend-t-on d’une source au sein de la présidence de la République. Une démarche rejetée de facto par les Émirats arabes unis, impliqués dans l’embargo imposé contre Doha. La réaction d’Abu Dhabi à la visite de Saïed au Qatar ne s’est pas fait attendre. Les autorités émiraties ont décidé de ne plus accorder de visas aux Tunisiens célibataires âgés de moins de 60 ans. Ce moyen de pression diplomatique a été déjà opéré en 2017 par Fly Emirates. La compagnie aérienne avait interdit aux Tunisiennes de se rendre aux Emirats, même pour une correspondance. En riposte, la Tunisie avait décidé de suspendre tous les vols de la compagnie aérienne émiratie vers Tunis jusqu’à ce qu’elle se conforme au droit et aux accords internationaux. Cette nouvelle décision vient confirmer la crise de confiance entre les Émirats arabes unis et la Tunisie et les relations déstabilisées par le contexte régional.
Bonne nouvelle. Les Nord-Africains, je ne dis pas les « maghrébins », comprendront enfin qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour former un grand groupe et travailler avec l’Europe pays de la culture et l’Amérique, vallée de la technologie. Nous devons boycotter même leur Mecque.