Les gouvernements se succèdent et les sit-in et blocages de sites pétroliers se poursuivent, depuis 2017, à El Kamour, au sud tunisien, sur fond de revendications sociales. Le bras de fer entre les protestataires et les autorités se durcit et ce n’est pas la dernière sortie médiatique du chef du gouvernement, Hichem Mechichi, qui fera restaurer l’autorité et le prestige de l’État.
Présent en conférence de presse, Mechichi a clamé haut et fort que “l’État n’hésitera pas à recourir à l’usage légitime de la force si aucune solution n’est trouvée avec les sit-inneurs d’El Kamour”. La réponse à cette déclaration fut sans bavures. Casquette à l’envers, regard fixé sur son smartphone, le porte-parole du sit-in El Kamour, Tarek Haddad, avec qui le gouvernement a mené plusieurs sessions de dialogue, a tenu à recadrer le chef de l’exécutif : “laisse tomber le discours de la force, tu n’es pas à la hauteur. La vanne ne t’appartient pas, elle appartient au peuple. Ne suscite pas la colère des habitants de Tataouine, nous n’avons pas peur et nous serons là”.
Le statu quo perdure et l’ordre public est plus que jamais contesté. En effet, le syndicat des forces de sécurité de Tataouine (SFST) s’apprête à une mutinerie. Le SFST appelle le ministère de l’Intérieur à ne pas impliquer les services de sécurité dans les conflits avec les jeunes de Tataouine car “les solutions sécuritaires ne feront que compliquer la situation”. La Tunisie est prise en otage par un gouvernement, jusqu’ici, sans grande autorité et des manifestants attachés aux 20 % des revenus du pétrole pour les redistribuer sur la région. Voici un énième épisode de la démolition de l’autorité de l’État, également ravagé par une crise économique et financière sans précédent.