Les heures du premier ministre Youssef Chahed à la tête du gouvernement tunisien sont-elles comptées ? Tout le laisse à penser, surtout après les audiences accordées, coup sur coup, par le président Béji Caïd Essebssi au patron des islamistes d’Ennahda, Cheikh Ghannouchi et au secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi. Sollicité par le locataire de Carthage, le leader islamiste a demandé un délai afin de se prononcer sur la demande du chef de l’Etat de démettre le Premier ministre. Quant au syndicaliste en chef du pays du jasmin, il s’est empressé d’annoncer une grève générale qui risquerait de « paralyser 90 % du service public », selon ses dires.
Et pour ajouter à la tension générale qui prévaut dans le pays, en l’absence de Youssef Chahed qui représente le Tunisie au sommet Chine-Afrique, le parti présidentiel Nidaa Tounès a annoncé que ses ministres avaient délégué aux dirigeants leur formation l’opportunité de se retirer du gouvernement d’Union nationale. Une menace réelle qui plane désormais sur la tête de Youssef Chahed. Et comme cela ne suffisait pas, le député de Nidaa Tounès, Khaled Chouket a jeté un gros pavé dans la mare, en affirmant que l’armée pourrait bien prendre le pouvoir « si le Premier ministre refusait de baisser les bras et de s’en aller ». Une menace bien sûr lourde de conséquence et qui en dit long sur le point de non-retour auquel les relations entre les locataires de Carthage et de la Casbah sont arrivées aujourd’hui.
Alors quelle porte de sortie pour le Premier ministre, qui au bout de plusieurs passes d’armes victorieuses contre le Béji Caïd Essebssi et son fils Hafedh, se retrouve aujourd’hui cloué au pilori ? Pour le moment, tous les indicateurs montrent que la nouvelle coalition Essebssi-Ennahda-UGTT est bien partie pour avoir sa peau. A moins que la France, l’Union Européenne, les Etats-Unis et les bailleurs de fonds aient leur mot à dire. On ne devrait pas tarder à connaitre la réponse.