Coup de massue présidentiel, tensions internes et crises à répétition… Rached Ghannouchi et le mouvement d’obédience islamique, Ennahdha, sont au cœur de la tourmente, ces derniers temps.
Figure de la classe politique aux commandes depuis la révolution de 2011, Rached Ghannouchi – “un symbole de tyrannie” – ne fait plus l’unanimité aux yeux de nombreux dirigeants islamistes.
L’icône religieuse est prise en grippe pour sa volonté d’éterniser sa mainmise sur son parti et sa gestion de la crise multiforme au lendemain des décisions impétueuses du président, Kaïs Saïed.
Le chef de l’État avait décidé – à l’occasion de la fête de la République – de suspendre les activités parlementaires, éjecter le chef du gouvernement et s’ériger en chef de l’exécutif et du parquet.
À vrai dire, l’impopularité de Rached Ghannouchi au sein d’Ennahda grimpe en flèche, alors que 77% des Tunisiens ne lui font pas confiance selon les récents chiffres révélés par Sigma Conseil.
Si, le reis espère compter sur le soutien des membres de l’aile dure du parti, Noureddine Bhiri et Abdelkarim Harouni, ces derniers, très contestés, ne sont plus en odeur de sainteté en interne.
Une pétition pour la dissolution du bureau exécutif et une motion de retrait de confiance contre Abdelkarim Harouni, à la tête du Conseil de la Choura, ont été rendues publiques dernièrement.
Au fil des années, Ennahda a vu son poids électoral s’éroder et des leaders historiques forcés à quitter le navire : Hamadi Jebali, Mohamed Ben Salem, Abdelhamid Jelassi, Lotfi Zitoun et cie…
Les assassinats politiques, les désignations de ministres soupçonnés de corruption, les liaisons douteuses et le bilan controversé, en dix ans, discréditent la direction du mouvement Ennahda.
Pendant que Ghannouchi règne en maître absolu et fait la sourde oreille aux multiples appels de déserter la scène politique, la fronde est en marche pour un renouveau dans les rangs islamistes.
La situation est très tendue : les réformistes au sein du mouvement envisagent sérieusement de lancer un nouveau parti et un sort similaire à celui de Nidaa Tounes se faufile à l’horizon.
Un tournant majeur ou une énième manœuvre politique ? Le dernier quart d’heure de Rached Ghannouchi – contre qui l’étau se resserre de jour en jour – vire, inévitablement, au cauchemar.