Le marché des smartphones en Algérie connaît des bouleversements majeurs. L’arrivée massive de plusieurs marques chinoises a déséquilibré les rapports de force entre les multiples opérateurs de ce secteur. Elle a surtout donné naissance à des pratiques fiscales étonnantes qui reflètent la volonté de certains lobbies des importateurs algériens de rafler la mise sur un marché en croissance constante.
Wiko, Oppo, Meizu, Doogee, derrière toutes ces marques chinoises présentes en Algérie, se trouvent trop souvent des importateurs peu recommandables, des businessmen tous connectés à la sphère politico-militaire réputée pour ses transferts opaques de devises vers Dubai et Hong-Kong. Depuis 2013, lorsque les douanes algériennes ont décidé de contrôler sévèrement les importations de produits alimentaires, puis avec le début en 2015 des interdictions de plusieurs produits à l’importation, tout un lobby d’importateurs notamment originaires de l’est de l’Algérie a décidé de se spécialiser dans les téléphones chinois en marque blanche.
Cela signifie que ces téléphones ou tablettes affichent une marque différente de celle de leur constructeur réel. En d’autres termes, des constructeurs de téléphones revendent certains de leurs terminaux à des marques qui désirent proposer des appareils mobiles. Ces téléphones et tablettes en marques blanches ont tous les mêmes points communs quelle que soit la marque. Il s’agit toujours de téléphones chinois d’entrée de gamme qui ne possèdent presque jamais de surcouche logicielle. Tout juste disposent-ils de quelques applications « maison » installées par les marques, mais jamais rien de vraiment intrusif.
Des téléphones qui coûtent moins de 100 euros qui font rêver les Algériens habitués uniquement aux marques locales comme Condor ou Star Light. Les marques chinoises écrasent les prix, mais se retrouvent très vite au coeur de scandales financiers. Leurs représentants à Alger trichent avec la fiscalité, la TVA et d’autres taxes, par le biais de montages ingénieux. Les ventes sans facture sont très fréquentes pour ne pas dire la règle.
Depuis l’an dernier, ces pratiques atteignent des sommets de sophistication, en raison notamment de l’interdiction de l’importation des téléphones portables décidée par les autorités algériennes depuis l’été 2017 afin de réduire la facture des importations en devises. Pour continuer d’exister en Algérie, ces marques ont besoin de lancer des chaînes de production locales. Mais leurs gérants algériens peinent à s’émanciper de la fraude, le « cabas » remplace le container alors que des marques comme Wiko ont trouvé des partenaires locaux pour lancer des petites unités de production dignes d’ateliers de confection.
Il reste l’énorme Oppo, le plus grand constructeur de cette short-list des marques chinoises suspectes. Ses propriétaires algériens demeurent mystérieux et font courir le bruit de l’ouverture d’une future usine. Mais en attendant, la « tchakara » continue de régenter les ventes des smartphones Oppo. Défaut de facturation et tactique opaques pour noyer des téléphones dans le marché algérien en plein verrouillage.
Et personne au plus haut sommet de l’Etat algérien n’a encore osé s’attaquer à ces gens. « Des bras longs les protègent », ne cesse-t-on de nous répéter à Alger. Certaines sources certifient que le fils du chef d’état-major de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, se trouve derrière les affaires florissantes d’Oppo en Algérie. Difficile encore de confirmer ces informations tellement tout est sombre autour de cette marque chinoise.
Mais le scandale a fini par éclater sur la toile ou les réseaux sociaux, les témoignages pleuvent sur ces pratiques illégales. Il sera pourtant bien difficile pour las autorités de maintenir le silence sur ce dossier, nous assurent plusieurs sources proches du ministère algérien du Commerce algérien.