La majorité gouvernementale se lézarde au Maroc : guerre larvée entre le PJD et l’Istiqlal

Ce qui n’était, il y a quinze jours, que des suppositions avancées par la presse marocaine, s’est transformé ces dernières quarante-huit heures en une véritable passe d’armes entre les deux plus grands partis qui constituent la majorité gouvernementale au Maroc. [onlypaid] Tout serait parti de la liste des bénéficiaires d’agréments de transport, jetée en pâture à l’opinion publique marocaine par le ministre islamiste de l’Equipement et des Transports, Aziz Rebbah. Ce coup «médiatique » audacieux de la part d’un ministre PJD a peu plus -c’est un euphémisme- au parti de l’Istiqlal dont était issu le ministre qui avait dirigé ce département stratégique depuis 10 ans. D’ailleurs, la réaction du vieux parti nationaliste ne s’est pas fait attendre. C’est Karim Ghellab, qui était en charge du ministère de l’Equipement, et qui est aujourd’hui président de la Chambre des représentants, qui choisit lui-même les colonnes du quotidien Al Alam, porte-voix de l’Istiqlal, pour annoncer que la liste des bénéficiaires des agréments était prête déjà du temps du gouvernement d’Abbas El Fassi. Celui-ci n’attendait que l’adoption d’une Loi pour pouvoir la divulguer. C’est avec des mots à peine couverts que Karim Ghellab a reproché à ses alliés islamistes de vouloir tirer pour eux seuls les bénéfices d’une action entamée par l’ancien gouvernement dirigé par un istiqlalien. Cela dit, les passes d’armes entre les deux formations politiques ne se sont pas cristallisées seulement autour de la fameuse liste d’agréments, mais elles se sont poursuivies tout au long du mois passé en coulisse autour des attributions des ministres des Finances et de celui délégué au Budget. D’après des sources bien informées, l’Istiqlal aurait exercé beaucoup de pression sur le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane pour ne pas démembrer le puissant ministère des Finances. Le chef du gouvernement avait fini par céder en laissant tout le pouvoir entre les mains de l’Istiqlalien Nizar Baraka au détriment du PJD Driss Al Azami qui se retrouve relégué au rôle de simple fonctionnaire et non de celui de ministre délégué.

D’après les observateurs, le « travaille de sape » que mène l’Istiqlal de l’intérieur du gouvernement devrait encore continuer au fur et à mesure que s’approchent les élections communales.[/onlypaid]