Les « Faux-pas » de l’affaire Ali Anouzla

Ce n’est plus un secret à Rabat. L’incarcération du journaliste Ali Anouzla, directeur du site lakome.com, n’indigne pas que les activistes de la société civile et la tribu des journalistes. Dans certains cercles de l’Etat, si on est loin d’être d’accord avec[onlypaid] la ligne éditoriale et les positions du journaliste, on estime que le fait même de le poursuivre en justice, sans oublier la manière dont on a procédé à son arrestation, sont contreproductifs et très nuisibles à l’image du Maroc. « On aurait pu s’en passer de cette affaire en ce moment, d’autant plus qu’elle est mal fagotée », tonne un ancien ministre. Il est vrai que le fond de l’affaire qui consiste à poursuivre Ali Anouzla pour « apologie du terrorisme » pour avoir publié un lien permettant d’accéder à une vidéo d’AQMI s’est vite effiloché, après les sorties d’Ignacio Cembrero et de Boubker Jamaï affirmant que c’étaient eux qui avaient publié la vidéo. Et pour ne rien arranger, le ministre de la Justice, l’Islamiste Mustapha Ramid, a commis selon nos sources, une grossière erreur en décidant de poursuivre le quotidien El Pais devant la justice espagnole, alors que Dailymotion et d’autres médias internationaux online continuent de diffuser la même vidéo. Le ministre va-t-il les poursuivre tous au moment où des dizaines de vidéos d’Al Qaïda et d’autres groupuscules extrémistes sont largement diffusées et commentées dans la presse internationale ? Un autre élément a également attiré l’attention des observateurs. Les communiqués des partis politiques -PPS, MP, Istiqlal et RNI- dénonçant le journaliste incarcéré ont pratiquement tous été écrits du même encrier et donnent l’impression de condamner Ali Anouzla, alors que la justice ne s’est pas encore prononcée. Une précipitation qui porte un coup fatal à la crédibilité des accusations. D’après un  ancien ministre espagnol, connu pour être un grand ami du Maroc, « le pouvoir marocain devrait être plus patient avec les journalistes. Nous avons vécu la même chose pendant les années noires du terrorisme de l’ETA, mais en laissant les médias libres de faire leur travail comme bon leur semble, nous avons pu décrédibiliser le terrorisme ». A méditer.[/onlypaid]