Les raisons de la lente décrépitude de la diplomatie algérienne

Les hésitations de la diplomatie algérienne sur le dossier libyen ont conforté l’idée de plus en plus répandue dans les chancelleries accréditées à Alger que la machine diplomatique algérienne tant redoutée par le passé, n’est plus que l’ombre d’elle-même.[onlypaid] Depuis plus de huit ans déjà, la diplomatie algérienne peine à s’imposer dans ce qui était jusqu’il y a récemment son terrain de prédilection, à savoir l’Afrique et l’Amérique Latine. Plusieurs raisons, d’après les observateurs, sont derrière ce déclin. Le premier est paradoxalement lié à l’arrivée du président Abdelaziz Bouteflika. Flamboyant diplomate et orateur hors pair, le président a marginalisé le ministère des Affaires étrangères au profit des relations personnelles qu’il entretient avec les chefs d’Etat d’autres pays. De plus, la cellule diplomatique d’El Mouradia a supplanté le ministère quant à la conduite des dossiers importants. Il faut dire que la personnalité de Mohamed Bedjaoui, brillant juriste qui a présidé aux destinées de la diplomatie algérienne avant l’arrivée de Mourad Medelci, n’a pas arrangé les choses. Francophone accompli, Bedjaoui, très respecté en Europe, n’a que rarement daigné s’occuper des relations avec les pays arabes et africains qu’il n’a pratiquement pas visités durant son mandat. Aujourd’hui, l’actuel ministre des Affaires étrangères n’a pour seul mérite, d’après d’anciens diplomates algériens, que celui d’être né à Tlemcen dans l’Ouest du pays. Medelci a fait toute sa carrière dans les ministères du Commerce et des Finances. C’est dire que l’homme souffre d’une méconnaissance totale des dossiers géostratégiques du moment. Selon une source diplomatique à Alger, le véritable patron de la diplomatie algérienne est aujourd’hui Abdelkader Messahel, chargé des Affaires africaines et Maghrébines. Messahel est celui qui donne le tempo concernant le dossier du Sahel, les relations avec les pays africains et, même sur le dossier libyen, il serait très écouté.

D’autre part, Paris, l’une des « places fortes » de la diplomatie algérienne, est quasiment à l’arrêt. Missoum Sbih, très proche de Bouteflika, et dont le fils avait trempé dans un retentissant scandale il y a quelques années, est  très décrié au sein du ministère des Affaires étrangères. Les hauts cadres du ministère trouvent que Missoum Sbih renvoie une piètre image de l’Algérie, d’autant plus qu’il ne maîtrise pas suffisamment les bons réseaux parisiens. Plusieurs cadres du ministère des Affaires étrangères algérien pensent, d’après un ancien ambassadeur, à adresser une lettre ouverte à l’opinion publique pour dénoncer « la descente aux enfers » de ce qui fut il y a une vingtaine d’années l’une des diplomaties les plus puissantes du monde.     [/onlypaid]

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