Maroc : Benkirane mange son pain noir sur fond d’une véritable crise gouvernementale

Après une période d’euphorie qui a duré depuis sa nomination à la tête du gouvernement, Abdelilah Benkirane connait ces jours-ci des moments très difficiles. Ainsi, la coalition quadripartite qui constitue le gouvernement commence sérieusement à se fissurer sous les coups de boutoir d’un Hamid Chabat virevoltant.[onlypaid] Le leader de l’Istiqlal qui réclame à cor et à cri un remaniement ministériel dès le début de l’année prochaine, a ces derniers jours multiplié les rencontres « amicales » avec les partis de l’opposition. Il a ainsi tenu coup sur coup des réunions avec Abdelouahed Radi et Salaheddine Mezouar, patrons de l’USFP et du RNI, tous deux adversaires acharnés du PJD. L’ébauche d’une autre coalition gouvernementale qui viendrait remplacer le gouvernement de l’islamiste Abdelilah Benkirane est sérieusement évoquée dans la presse. C’est un scénario qui semble aujourd’hui difficile à voir le jour, vu qu’il faudrait une motion de censure pour renvoyer l’équipe Benkirane. Mais, cela n’est pas le seul souci de l’actuel gouvernement. Depuis presque une année qu’il est en place, le gouvernement de Benkirane manque de vision à moyen terme. Il donne l’impression de patauger et de ne pas maîtriser les différents agendas. A force de vouloir ouvrir plusieurs chantiers en même temps et d’une manière erratique, les ministres renvoient une image de cacophonie générale. Même certaines chancelleries occidentales qui ne cachaient pas leur profonde sympathie pour cette équipe, commencent à envoyer des signaux d’exaspération. « Le seul handicap de ce gouvernement sont les ministres PJD. Chacun d’eux est un gouvernement à lui seul. Cela ne peut tenir pendant 4 années encore, sinon le pays va aller à la catastrophe », s’alarme un ancien ministre technocrate, plutôt proche des thèses du PJD. Déjà, les regards se tournent vers un projet de Budget 2013 très contesté et qui pourrait signer le début de la fin du gouvernement Benkirane. Plusieurs députés de la majorité, notamment de l’Istiqlal et du PPS menacent de voter contre. Un avant-goût de ce qui attend le premier chef de gouvernement islamiste du Maroc.   [/onlypaid]