Maroc : divorce entre la classe politique et l’opinion publique

Si les premiers jours de la crise politique suscitée par la décision de grâce accordée par le roi à l’espagnol Daniel Galvan condamnée à 30 ans de réclusion pour abusé de 11 enfant, avaient sérieusement éreintés l’image de la monarchie, la suite des événements a démontré que le roi Mohammed VI a pu redresser la situation assez rapidement. Fidèle à son style, le monarque alaouite s’est adressé directement au peuple par le biais de 4 communiqués diffusé par le cabinet royal du samedi au mardi. L’audience accordée par le roi aux familles des victimes a frappé une opinion publique jusque-là dubitative et en colère, notamment par la simplicité des gestes et la sincérité du chef de l’Etat. En effet, et d’après des sources bien informées, le roi a été profondément touché par le drame des familles et par les dysfonctionnements administratifs qui ont entaché la procédure de la grâce. Le roi n’a donc pas hésité à reconnaître publiquement « l’erreur » et a ordonné une enquête approfondie. « Il a surtout réussi à entretenir cette relation directe qu’il a avec les citoyens », affirme un  journaliste espagnol avant d’ajouter que Mohammed VI «  a pu rapidement retourner une situation très improbable et très délicate ». A côté de ce volontarisme royal, la majorité de la calasse politique du pays a préféré se murer dans le silence. « Ils ont attendu le premier communiqué royal avant de se mettre en branle et commencer à s’agiter », remarque un ancien ministre aujourd’hui à la retraite. Cet épisode démontre une fois de plus « l’autisme » de la classe politique marocaine, totalement détachée de la réalité du pays et coupée de l’opinion publique. « Les Marocains n’en reviennent toujours pas de la démission aussi bien de la majorité que de l’opposition, alors que le pays traversait un tel orage », s’indigne un militant associatif. Moralité de l’histoire. Le roi s’est personnellement mouillé et n’a pas fui ses responsabilités, malgré la levée de bouclier suscitée par une grâce dont il est l’auteur. Un courage politique qui tranche avec l’inconstance de la classe politique.