Sahel : pourquoi l’Algérie redoute l’axe Mauritano-malien

Les généraux algériens sont furax. Ils en veulent sérieusement aux gouvernements maliens et mauritaniens qu’ils soupçonnent de constituer un axe anti algérien au Sahel.

Les visites que s’échangent la Mauritanie et le Mali au plus haut niveau ainsi que leur collaboration étroite pour combattre AQMI et les trafiquants sous la houlette de la France inquiète fortement Alger, qui se trouve du coup marginalisé. « Les Maliens et les Mauritaniens nous mènent en bateau. A chaque réunion qu’on tient à Alger, ils nous servent toujours le même discours rassurant, mais sur le terrain ils continuent d’agir seuls », s’énerve un haut gradé algérien. Le dernier coup dur subi par l’Algérie date du jeudi 9 décembre quand les forces de sécurité maliennes réussirent un gros coup en mettant la main sur six gros trafiquants de drogue, tous appartenant au Polisario. Alger fulmine. Elle reproche aux maliens d’avoir vite fait circuler l’information par le biais de l’AFP. Une fois l’information rendue publique, il était alors impossible pour Alger de tenter quoi que se soit afin de changer l’identité des six trafiquants. A Paris où on suit l’affaire de trop près, on juge l’action malienne efficace et habile. « Ils marquent un grand coup sécuritaire tout en neutralisant une puissance régionale qui est l’Algérie », fait remarquer un haut cadre de la DGSE à Paris. En fait, les Français étaient sur le coup depuis mardi 7 décembre, quand les Mauritaniens ont procédé à l’arrestation de sept trafiquants à la frontière avec le Mali. Cuisinés en présence d’officiers français, ils sont vite passés à table. Ce qui a permis aux Maliens de réussir leur opération. Mais, cette affaire est loin d’avoir révélé tous ses secrets. Aujourd’hui, les Mauritaniens détiennent un certain Sultan Ould Bady. Membre du Polisario, Sultan n’est pas un trafiquant anodin. Selon les français, il jouerait un rôle plus consistant en étant une sorte de lien entre AQMI, les trafiquants et une frange du DRS algérien. Ce qui est sûr, c’est que les Algériens ont peu goûté les deux dernières opérations conduites par les forces de sécurité du Mali et de la Mauritanie. A El Mouradia, on craint que l’axe Nouakchott-Bamako soit le socle d’une alliance internationale contre le terrorisme et le trafique de drogue dans le Sahel. Ce qui sonnerait le déclin du rôle algérien dans la région.

 

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