Si pour beaucoup d’Algériens cela peut ressembler à une vaste plaisanterie, pour Mustapha Berraf, le président du Comité olympique algérien (COA), la candidature d’Abdelaziz Bouteflika au prix Nobel de la paix coulerait de source. Elle ne serait que la juste récompense des efforts du Président algérien en faveur de l’instauration de la paix dans le pays et dans le monde. Et Mustapha Berraf n’est pas le seul à y croire. Dans le cercle du pouvoir, plusieurs ministres et autres habitués d’El Mouradia poussent pour que la candidature de Bouteflika soit officiellement présentée. Il y a environ dix jours, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, s’était fendu dans les pages du tabloïd américain Washington Times, d’une tribune dithyrambique sur le rôle joué en faveur de la paix en Algérie et dans le monde par Abdelaziz Bouteflika. S’agissait-il d’un ballon d’essai ?
Pour les connaisseurs des arcanes du pouvoir algérien, il ne peut s’agir que d’une action concertée du clan présidentiel, désireux de donner un souffle nouveau à un cinquième mandat qui se profile. « Les choses sont très simples. Les promoteurs de cette candidature veulent dire aux Algériens : regardez le monde reconnait les qualités de Bouteflika, alors que vous, vous rechignez à l’élire pour un autre mandat », explique, non sans amertume, un ancien ministre aujourd’hui reconverti dans les affaires. « Des initiatives de ce genre vont se multiplier à l’approche de l’échéance électorale. Elles viseront toutes à mettre le Président sur un piédestal qui dépasse l’Algérie », croit savoir un diplomate européen en poste à Alger.
Si Abdelaziz Bouteflika ne devait pas se voir attribué le prix Nobel de la paix, il pourra se consoler en obtenant le prix de la plus grande longévité à la tête de l’Etat algérien en cas de cinquième mandat.