Pourquoi l’initiative d’ouverture de Mohammed VI met l’Algérie officielle dans l’embarras

Le discours du 6 novembre du roi du Maroc a pris tout le monde de court. Sa proposition de mise en place d’un mécanisme politique conjoint de concertation  entre l’Algérie et le Maroc a fait l’effet d’une bombe. Si les principales capitales européennes, l’ONU, l’UE, la Ligue Arabe et Nouakchott saluent unanimement la proposition de Rabat « d’examiner toutes les questions bilatérales, avec franchise, objectivité, sincérité et bonne foi, sans conditions ni exceptions, selon un agenda ouvert », Alger est restée sans voix. Prise au dépourvu par la flexibilité marocaine, l’Algérie n’a jusque-là pas répondu. Les principaux titres de presse du pays se sont contentés d’évoquer le ton conciliateur du discours royal, émettant pour certains d’entre eux, quelques doutes sur le timing.

Selon un diplomate européen en poste à Rabat, Mohammed VI a réussi son Strike. Trois préjugés que les Algériens faisaient circuler sur la diplomatie marocaine tombent comme des quilles. La doctrine diplomatique chérifienne n’est pas aussi dogmatique qu’on pourrait le faire croire. L’intransigeance concerne le dossier du Sahara occidental, mais aucunement les autres sujets de mésentente avec Alger. Enfin, le pouvoir marocain tient l’Algérie en grand estime et pense que sans une réconciliation entre les deux pays voisins, le Maghreb uni ne pourra exister.

Tout cela suscite l’embarras d’Alger. Le Maroc a été capable de changer d’éléments de langage et de démontrer qu’il était prêt à tourner la page. Si l’Algérie s’oppose à l’initiative marocaine, elle sera perçue, sur le plan international ainsi qu’en interne, comme un facteur de blocage. « Le problème à Alger, c’est qu’aujourd’hui il n’y a personne pour prendre une décision aussi cruciale pour la diplomatie du pays », affirme notre diplomate. «Les clans du pouvoir algérien sont occupés à se taper dessus à l’approche d’une présidentielle incertaine », explique un journaliste algérien installé à Paris. Une situation qui est appelée à perdurer encore quelques mois, prenant en otage l’avenir du Maghreb.

 

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