Le rapprochement grandissant entre le Mali et la Mauritanie dans la lutte contre le terrorisme trans-sahélien ne manque pas d’irriter le landerneau sécuritaire algérien.
Les généraux de l’ANP sont d’autant plus mal à l’aise qu’ils perçoivent l’entente mauritano-malienne comme une tentative délibérée de leurs deux voisins de se soustraire à l’emprise de l’Algérie, qui ne dédaigne pas de monopoliser la lutte contre AQMI dans la région.
La colère des hauts gradés algériens s’explique aisément. La Mauritanie comme le Mali, font partie du commandement antiterroriste conjoint installé dans le Sud algérien et qui regroupe également le Niger. Le ressentiment algérien est dirigé plus spécialement contre la Mauritanie. Nouakchott fait en effet preuve d’un volontarisme qui ne se dément pas dans la lutte contre Aqmi, en marquant d’ailleurs des points. Le président Ould Abdelaziz a tenu à sceller formellement l’alliance antiterroriste avec Bamako, dont le chef d’état-major de l’armée le général Gabriel Poudiougou, s’est rendu en visite à Nouakchott début novembre. L’accord de Bamako ainsi obtenu, la Mauritanie a déployé plusieurs unités de l’armée dans le nord malien, dont des GSI (groupements spéciaux de lutte antiterroriste). Entraînées à la lutte contre les groupes terroristes, ces unités ont franchi la frontière avec le Mali et se sont déployées dans le nord désertique du pays, fief connu des groupes salafistes armés.
Bien sûr, l’activisme antiterroriste mauritanien ne se fait pas sans le précieux appui logistique de la France, dont 5 ressortissants sont encore détenus par Aqmi, quelque part dans le nord malien. Un appui qui vient d’être renforcé par le soutien apporté par l’OTAN à Nouakchott. Réunie en sommet à Lisbonne, l’Organisation Atlantique s’est engagée à soutenir le gouvernement mauritanien dans sa lutte contre le terrorisme. Et loin de les rassurer, ces développements ne font que raidir encore plus les généraux algériens qui se cabrent chaque fois qu’ils sentent la main de la France.