L’annonce au début du mois d’août de la prochaine mise en orbite par le Maroc, à partir de la base française de Kourou, de deux satellites militaires d’observation haute résolution avait fait l’effet d’une douche froide sur l’état-major algérien. Les Marocains qui en 2013 avaient négocié avec François Hollande, dans le secret le plus absolu, l’achat de deux satellites de la gamme Pléiade 1-A et 1-B, ont pris beaucoup d’avance sur leurs voisins et rivaux algériens. La construction par EADS Astrium de deux satellites considérés par les spécialistes comme le nec plus ultra en la matière, est aujourd’hui en avance de deux ans. Des ingénieurs militaires marocains ont accompagné le processus de fabrication, afin de les adapter aux besoins du royaume. Rabat qui fait face à plusieurs défis sécuritaires liés au terrorisme et à la grande contrebande à ses frontières sud et nord, avait un besoin impérieux d’un matériel qui pouvait compléter la photographie aérienne, déjà assurée par une flotte de drones dont sont équipées les Forces armées royales (FAR). Les satellites qui seront lancé le 8 novembre, puis courant 2018, permettraient à l’armée marocaine de détecter et d’identifier des éléments inférieurs à un mètre carré sur des superficies réduites, allant d’une cinquantaine à plusieurs centaines de kilomètres carrés. Dès leur mise sur orbite, chacun des deux satellites pourra fournir à l’état-major marocain au quotidien jusqu’à 600 photos d’une résolution de 50 centimètres, notamment des images de véhicules, de réseaux de voirie, et même de buissons isolés. Ces données seront traitées par une station de contrôle et de réception installée aux abords de la première base aérienne de Salé.
Des sources militaires françaises affirment pour leur part que le Maroc ne compte pas en rester là. La durée de vie de ces satellites étant de cinq ans, Rabat se projette déjà dans un programme encore plus ambitieux, dont l’annonce sera faite en temps opportuns, affirment ces mêmes sources.