Analyse : Le premier gouvernement islamiste du Maroc, les premiers ratages de Benkirane

C’est sans surprise donc que le roi Mohammed VI a nommé ce mardi 14 heures au palais royal de Rabat, l’équipe gouvernemental qui sera dirigé pendant les 5 prochaines années par le leader islamiste Abdelilah Benkirane. Après un mois et quelques jours, le nouveau chef du gouvernement a pu former son équipe et la présenter au roi qui l’a adoubé.[onlypaid] Les regards se sont, dès la publication de la liste des ministres, vers les ministères de souveraineté. Et ce fut là, la première surprise de ce premier gouvernement totalement issu des urnes. En effet, si les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur sont tombés dans l’escarcelle des partis politiques, les deux ministres titulaires de ces postes, à savoir respectivement l’islamiste Saâdeddine EL Othmani et le haraki Mohand Laenser se font cornaquer par deux ministres délégués qui sont connus pour leur « pédigrée » . Aussi bien Youssef Amrani aux Affaires étrangères que Charki Draïss à l’Intérieur sont de véritables hommes d’appareils qui ont toujours évolué dans la diplomatie pour l’un et dans le sécuritaire pour l’autre. Alors que l’opinion publique en général et les militants du PJD en particulier s’attendaient dans ces ministères à des hommes totalement affranchis de toute tutelle, voici que les ministres politiques se font chapeautéer par des ministres délégués « de souveraineté ». Sur ce dossier là, Abdelilah Benkirane qui ne parlait au début que de deux ministères de souveraineté-la Défense et les Habbous- a totalement failli à sa promesse. Non seulement, les Affaires étrangères et l’Intérieur restent dans le domaine réservé, mais également les Habous, le Secrétariat Général du gouvernement et l’Agriculture.
Un autre couac du gouvernement de Benkirane. Il s’agit de la quasi-absence de l’élément féminin de ce gouvernement. Certes, il est question d’un gouvernement à dominance conservatrice, mais c’est la première fois depuis deux décennies que la représentation féminine est réduite à sa plus simple expression. Un seul ministère représenté dans Bassima Hakkaoui qui n’est pas connue pour être une grande militante féministe. Ses sorties contre la réforme de la Moudawana (code du statut personnel) sont toujours présentes dans les esprits. Avec les femmes, les sahraouis sont également les grands absents de ce gouvernement islamiste.
Mais là où le nouveau chef du gouvernement a essuyé le plus de critiques, c’est au niveau de certaines figures ministérielles. La présence des clans familiaux demeure très forte dans ce gouvernement. Ainsi, la famille d’Abbas El Fassi est représentée par deux ministres : Nizar Baraka et Mohamed El Ouafa, tous les deux gendres de l’ancien premier ministre istiqlalien. Deux familles de l’Istiqlal sont également présentes dans l’actuelle équipe. Il s’agit de la famille Douiri à travers Fouad Douiri, neveu de M’hamed Douiri et de Abdessamad Kayouh, fils de Haj Ali Kayouh, grand notable du Souss.
Finalement, alors que beaucoup s’attendaient à un gouvernement ramassé comme l’a souvent annoncé Abdelilah Benkirane, l’on est aujourd’hui en présence d’une équipe composée de 31 ministres. C’est donc finalement un « team » qui est loin d’avoir répondu aux aspirations du changement exigées par les Marocains qui devrait gérer les affaires publiques pendant la prochaine législature. Pas rassurant au vu des échéances à venir.[onlypaid] [/onlypaid]

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