Exclusif. Ouyahia et sa poignée de main chaleureuse à Mohammed VI : une piètre opération diplomatique 

C’est plus qu’un geste politique étonnant. C’est toute une opération diplomatique qui cache des arrières pensées dont seul le régime algérien détient les secrets. La poignée de main chaleureuse d’Ahmed Ouyahia au roi du Maroc Mohammed VI n’est guère un geste fortuit. Au contraire, c’est une opération politique très bien calculée et préparée depuis Alger.

« Ahmed Ouyahia  a voulu piéger le monarque marocain en profitant du rituel de la photo de famille des dirigeants africains et européens pour démontrer que l’Algérie n’est aucunement un pays belliqueux et hostile. Le premier ministre algérien avait pour instruction de saluer le roi du Maroc et de le saluer chaleureusement pour laver cette image négative que des lobbies veulent coller à l’Algérie », nous révèle une source diplomatique algérienne à Abidjan.

« A travers ce geste, il est question d’acculer le Maroc dans une position d’apaisement car Mohammed VI n’avait d’autre choix que de répondre favorablement à cette poignée de main chaleureuse filmée par des caméras du monde entier, sous le regard des dirigeants européens et africains », poursuit cette source, qui estime que ce geste entre dans le cadre d’une opération politique préparée au niveau du palais d’El-Mouradia sur instruction du président Abdelaziz Bouteflika qui aime souffler le chaud et le froid sur les relations algéro-marocaines. « Avec cette poignée de main qui a fait le tour du monde, les Marocains ne peuvent pas nier l’attitude amicale de l’Algérie et son attachement au bon voisinage. Deux valeurs sur lesquelles l’Union européenne insiste beaucoup pour résoudre les conflits régionaux en Afrique », souligne autre source, qui estime que le deuxième message de cette poignée de main s’adresse aussi à la France d’Emmanuel Macron. Ahmed Ouyahia a choisi sciemment de saluer Mohammed VI en présence d’Emmanuel Macron, et ce dernier n’a pas bénéficié de la même attention de la part du premier ministre algérien. La raison en est simple, les autorités algériennes ont voulu faire comprendre à leurs homologues français qu’ils n’ont pas besoin de la médiation de la France pour négocier directement avec le Maroc. L’axe Paris-Rabat agace effectivement beaucoup Alger qui ne veut pas de l’implication du lobbying français pour rouvrir les dossiers qui fâchent avec le Maroc.

Au mois de novembre dernier, Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, avait proposé sa médiation lors de son déplacement à Alger. Les pourparlers et échanges avec Abdelkader Messahel n’ont pas abouti car l’Algérie critique encore et toujours la « partialité française » et son « alignement systématique sur les positions du Maroc ». Mais pas certain que Macron ait pu capté le message envoyé par Ouyahia.

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