PJD : comment Abdelilah Benkirane a laminé le courant des ministres islamistes

A le voir papillonner tout le long de la soirée lors de la célébration du 45ème anniversaire du quotidien Al Bayane, les invités savaient que Abdelilah Benkirane était aux anges, l’ancien chef du gouvernement avait en effet de la peine à cacher sa joie. Et pour cause, le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) en quête d’un troisième mandat successif à la tête de la formation politique vient de terrasser le courant des ministres islamistes contre sa reconduction au poste de secrétaire général.

Pendant des mois, Aziz Rebbah, Mustapha Ramid et Saâdeddine El Othmani n’ont eu de cesse de manœuvrer pour que le prochain congrès du PJD n’amende pas le règlement interne du parti qui interdit un troisième mandat. Peine perdue puisque la commission technique en charge de cette question avait retenu il y a un mois la motion de l’amendement du règlement interne. Et comme si cela ne suffisait pas, lors d’un vote au secrétariat général du PJD, le courant des ministres n’a pu obtenir que dix voix. Certes, plus que les sept engrangées par Abdelilah Benkirane, mais insuffisantes pour inverser une tendance lourde en faveur de l’actuel patron des islamistes marocains.

Selon plusieurs sources en interne, l’élection des congressistes confirme la popularité de Benkirane chez les militants et les cadres du parti. Les thèses défendues par le courant des ministres ne trouvent aucun écho auprès de la base du PJD. «El Othmani, Ramid et Rebbah ont commis une erreur en affirmant que si Benkirane était réélu, le Palais risquait de se fâcher et d’exclure le PJD du jeu politique », explique un membre du secrétariat national du parti. « Ils ont juste oublié que les militants du parti formatés par dix années de discours autonomiste de la part de leur patron ont pris le pli. Ils veulent être maîtres de leur décision et de leur avenir, quitte à retourner dans l’opposition », ajoute cette même source.

La défaite des anti-Benkirane est totale. En essayant de mobiliser le Mouvement unicité et réforme (MUR) véritable matrice du PJD, contre l’ancien chef du gouvernement, le courant des ministres a échoué. Non seulement le patron du MUR a appelé ses adeptes à prendre leurs distances avec ce qui se passait au sein du parti, mais Abderrahim Chikhi n’a pas quitté d’une semelle Abdelilah Benkirane lors de la soirée organisée par le quotidien Al Bayane. Un signe d’allégeance qui n’a échappé à personne. Cerise sur le gâteau, le président désigné du prochain congrès, Jamaâ Al Moatassim, a lui aussi été de la fête aux côtes de son chef.

Avant même le congrès le 9 décembre prochain, la victoire de Benkirane est totale. Il a imposé sa ligne politique, marginalisé ses détracteurs, démonétisé Saâdedine El Othmani et réduit les ministres du PJD à de simples figurants. « Abdelila Benkirane est redevenu le maître des horloges comme il a toujours voulu l’être. C’est lui qui décidera en fin de compte s’il part ou s’il brigue un autre mandat. Lui et personne d’autre », concède l’un de ses adversaires.

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  1. azz 13:52 - novembre 25, 2017

    « troisième mandat successif » .. Le Pouvoir rend FOU ! Mugabé,Boutef , Bourguiba et son successeur etc etc etc ..Ils sont tous ivres de pouvoir , le pays et les gens ils s’en tapent !