Algérie-Egypte : coups tordus autour de la ligue arabe

Mal aimée et déconsidérée depuis plusieurs années,  la ligue arabe n’en reste pas moins un enjeu stratégique majeur lorsqu’il s’agit d’y placer l’un des siens comme secrétaire général. C’est ce que les Égyptiens ont appris à leur dépends avec l’irruption  de la candidature d’Abdelaziz Belkhadem et l’émergence d’un nouveau triangle d’influence Alger-Qatar-Damas.

Les protagonistes de ce drame arabe sont restés pour le moins discrets depuis un mois, jusqu’à l’intensification des campagnes de pression de part et d’autre ces dernières semaines. En réalité, c’est la guerre sourde entre l’Algérie et l’Egypte -enclenchée, rappelons le par le football et la qualification pour la coupe du monde-  qui reprend, sur fond de rivalité pour prendre le leadership de « meilleur défenseur » de la cause palestinienne. Il s’agit là d’une stratégie récurrente d’Alger depuis les années 70, consistant à déplacer son pôle de gravité diplomatique plus à l’est, afin de diversifier ses soutiens et de rallier des pays considérés comme «borderline», plus enclins à soutenir un langage musclé, tels l’Iran ou la Syrie. Bien que ne faisant pas partie de la ligue arabe, Téhéran pourrait jouer un rôle important lors de la prochaine décision pour la nomination du patron de la ligue arabe, notamment à travers ses liens avec le Hezbollah et le Hamas. Autre allié inattendu d’Alger, le Qatar a fait son apparition sur la scène en réclamant que soit mis en place un système tournant à la tête de la ligue arabe, et que la co-décision y soit instaurée. Objectif : positionner une fois de plus le petit émirat comme acteur incontournable de la prise de décision arabe, quitte à soutenir l’Algérie aux dépends du leader historique, l’Arabie Saoudite. Mais c’était sans compter avec le sens politique du roi Abdallah, qui soutenait jusque là Amr Moussa, mais qui laisse entendre qu’il pourrait décider de lancer son propre champion en la personne du prince Saoud Al Fayçal, obligeant ainsi tous les autres candidats à se retirer devant la stature du ministre des affaires étrangères saoudien. Ce scénario semble néanmoins peu envisageable, et l’on se dirigerait plutôt vers  une reconduction en 2011 du secrétaire général égyptien. Une question revient néanmoins avec insistance, pourquoi l’Algérie voudrait-elle «exiler» Abdelaziz Belkhadem, à peine reconduit comme secrétaire général du FLN, parti du Président ?

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