Mourad Bencheikh, un MALGache à Rabat

Rabat a toujours été considéré par l’Algérie comme une capitale à part. Pour représenter la république démocratique et populaire au royaume du Maroc, le pouvoir algérien a constamment choisi des « diplomates » un peu spéciaux.

L’ambassadeur algérien au Maroc doit être très connecté. Il doit pouvoir joindre les hautes autorités et notamment le président à tout moment de la journée et de la nuit. Il doit également bénéficier de toute la confiance des services de renseignements algériens. Rabat a toujours occupé une place spéciale dans le dispositif du renseignement algérien. Même quand les relations entre les deux pays étaient au beau fixe, le DRS entretenait au royaume chérifien un fort contingent d’espions chapeauté par l’ambassade. En plus, la qualité de la représentation diplomatique de certains grands pays au Maroc, incitait Alger à envoyer à Rabat des têtes d’affiche. En effet, l’Algérie a toujours été impressionnée par la qualité des ambassadeurs dépêchés par Paris, Madrid ou Washington dans la capitale chérifienne. S’ajoute à cela depuis le début du règne du roi Mohammed VI, l’absence de contacts directs entre les deux pouvoirs, contrairement à ce qui fut le cas sous l’ère Hassan II.
Selon les observateurs, Mohammed VI et sa cour demeurent une totale énigme pour le pouvoir en Algérie, d’où le besoin de disposer sur place d’un homme suffisamment expérimenté. Le choix de Mourad Bencheikh comme nouvel ambassadeur à Rabat répondrait donc à toutes ces exigences.
L’homme, même si c’est l’un des historiques du FLN, demeure peu connu de la scène médiatique. Il a également peu participé aux joutes politiques internes. Né à Laghouat, non loin de la frontière marocaine, Bencheikh est un diplomate de carrière qui a fait ses preuves aux ministères des Affaires étrangères auprès de Abdelaziz Bouteflika. Il a été ambassadeur à Berlin, Pretoria et auprès de la FAO à Rome. Cela dit, le principal atout de Bencheikh, c’est qu’il a fait partie du noyau dur du MALG, l’ancêtre de l’actuel DRS, les services du renseignement militaire. Une carte qui a certainement plaidé sa cause pour qu’il atterrisse à Rabat.

 

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